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L'Édito

L’âge adulte.

L'Édito

L’âge adulte.

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Au sortir de l’adolescence et de sa phase aigue, se déroule un curieux phénomène où parents et enfants vivent une seconde crise, pas forcément moins perturbante que la précédente. Voici le problème de Lady Bird, héroïne du premier long métrage de Greta Gerwig, une surdouée du jeune cinéma américain. Elle pourrait bien suivre les traces d’un autre génial réalisateur, Paul Thomas Anderson, dont le magnétique Phantom Thread, tout comme le cycle que nous lui consacrons, demeure à l’affiche. Nous poursuivons aussi les projections de 3 Billboards, de La Dame de Pique et des Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin. Pour être complet, signalons enfin, mardi à 14h15, une projection de Close Encounters with Vilmos Zsigmond, présentée et commentée par notre ami Pierre Filmon, réalisateur de ce portrait du grand chef-opérateur.

Et si, le 4 mars, Saoirse Ronan emportait l’Oscar de la meilleure actrice, coiffant au poteau la formidable Frances McDormand de 3 Billboards ? Ce n’est pas si improbable tant son talent éclate dans Lady Bird, où elle fricote avec Timothée Chalamet, autre fulgurant talent émergent également oscarisable. Saoirse (improbable prénom qui se prononcerait Sir-she) y incarne Christine, mais elle préfère se faire appeler du surnom poétique qu’elle s’est donné. Cette jeune fille qui doit intégrer l’université se débat avec toute sa belle énergie entre une mère trop présente, trop intrusive et trop occupée, et un père chômeur et déprimé. Lady Bird rêve de voler de ses propres ailes, et surtout de quitter la Californie pour la Côte Est, paradis mythique des écrivains et des intellectuels. Probablement largement autobiographique, et en tout cas nourri par une expérience encore récente, Lady Bird est le premier film de Greta Gerwig. Actrice et scénariste trentenaire, elle navigue avec brio sur toutes les mers du cinéma américain, passant du mainstream (Sex Friends) à l’intello (Woody Allen), avec une préférence pour l’indé radical. Fille du mumblecore, ce courant « génération Y » du cinéma américain, elle a collaboré avec Noah Baumbach, avec qui elle écrivit et interpréta France Ha. Là voila donc derrière la caméra, pour construire un magnifique portrait de jeune fille d’aujourd’hui. Si Greta ne trahit pas le mumblecore, elle en abandonne le côté le plus bricolé et improvisé. Soutenu par Universal et Focus, Lady Bird garde la fraîcheur de cette « US Nouvelle Vague » en y ajoutant la rigueur (et les moyens) d’un film confortablement produit. Un film de jeune sur la jeunesse, mais réalisé avec une étonnante maturité.  

Autre sérieux prétendant à l’Oscar, Daniel Day-Lewis, monstre d’élégance qui empocherait alors sa quatrième statuette. Il est nommé pour son rôle de Reynolds Woodcock, grand couturier qui cache des Phantom Thread, de secrets messages, dans ses créations que s’arrache le gotha chic du Londres des années 50. Le dernier film de Paul Thomas Anderson raconte l’incroyable et déroutante histoire d’amour que Reynolds va vivre – à en mourir ? – avec Alma, la merveilleuse Vicky Krieps. Film de maniaque sur un maniaque, Phantom Thread révèle l’incroyable maîtrise de son auteur, et le magnétisme de son acteur. Les deux sont à retrouver dans There Will Be Blood, programmé dans notre cycle PTA (avec Magnolia et The Master).

Non sans vous rappeler que d’autres films sont à l’affiche (dont 3 Billboards, on insiste), ni sans vous informer que la semaine prochaine nous recevrons Ciné-ma Russie pour son festival annuel lors duquel nous verrons ce qui se passe à l’écran Quand les Russes rêvent, terminons avec l’Enfance de l’Art. Le mercredi sera réservé aux tout Petit à petit, fable de Pierre-Luc Granjon, et le dimanche sera magique et chantant avec les envolées de Mary Poppins, de Robert Stevenson, porté par l’inoubliable Julie Andrew.

Bonne semaine. 

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du GrandAction