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L'Édito

Étymologie.

L'Édito

Étymologie.

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Cette semaine nous propose de remonter à une source importante de l’étymologie écranique : le cinéma américain des années 70. Ainsi, Le Privé et le cycle Robert Altman sont rejoints par un nouveau venu, exhumé de l’an 1977. Equus est le mot latin pour « cheval » qui, en français zoologique, regroupe la famille des équidés. C’est aussi le titre d’un film psychiatrique de Sidney Lumet que nous ressortons cette semaine sur copie neuve. Le reste de notre programme nous ramène au temps présent avec la poursuite de nos dernières exclusivités (The Lost City of Z et Certain Women), en faisant un crochet par les années 90, portées avec grandeur et nonchalance par le Dude, alias The Big Lebowski.

L’on sait – et l’on apprécie – l’importance de l’apport de Sidney Lumet au cinéma américain qui, après lui avoir 5 fois refusé l’Oscar, lui en décerna un d’honneur en 2005, 6 ans avant sa disparition à 86 ans. De 12 Hungry Men (1957) à The Verdict (1982), Lumet a toujours eu un faible pour les films de procès et d’enquête. En 1977, il choisit d’adapter Equus, une pièce de théâtre de Peter Shaffer, futur scénariste de l’Amadeus de Forman. En 1973, ce dramaturge britannique avait imaginé une histoire atroce – un ado crève les yeux de six chevaux – dont l’enquête nécessite l’intervention d’un psychiatre pour tenter de défaire l’écheveau (c’est lacanien !) des psychoses du jeune homme. Peter Firth, alors juvénile comédien anglais qui refusa ensuite de céder aux sirènes hollywoodiennes mais fit tout de même une belle carrière (notamment dans la série M.I-5), interprète l’adolescent perturbé. Face à lui, une légende vieillissante et en plein doute (mais qui allait renaître de ses cendres avant de mourir en 1984) pour incarner le médecin : Richard Burton. Dans deux registres très différents, les deux acteurs prennent beaucoup de risques, physiquement (nombreuses scènes de nu pour Firth) et psychologiquement pour ce film tordu et assez bouleversant. La mise en scène réglée au cordeau par Lumet est évidemment pour beaucoup dans la puissance des images. Equus est donc un grand film à redécouvrir, mais n’y emmenez pas votre nièce de 12 ans passionnée d’équitation. Elle risquerait de vous détester.

L’année où Peter Shaffer montait Equus au théâtre, Robert Altman présentait Le Privé à l’écran. Librement adapté de Raymond Chandler, The Long Good Bye (titre original du livre et du film) propose un Marlowe radicalement décalé. Elliott Gould incarne avec brio et distance le mythique détective, embringué dans une enquête pour le moins confuse. Mais le plaisir ne réside pas dans sa résolution. Comme souvent, Altman prend plaisir à casser les codes, ici du film noir ; une délicieuse et acide manie que l’on retrouve dans certains films de son cycle. Ainsi M.A.S.H., faux film de guerre et vraie comédie, ou John Mac Cabe, fameux néo-western.

Sorte de derniers des Mohicans d’un certain art de vivre (bière-bowling-glande), The Big Lebowski est l’un des plus beaux personnages récemment créés au cinéma. Inventé par les Coen en 1997, il revient sur grand écran et c’est toujours un ravissement de le voir se démener dans l’imbroglio qu’ont engendré une homonymie et un tapis plein de pipi.

Non sans vous redire que le dernier James Gay et le nouveau Kelly Reichardt (voir en début de lettre) sont toujours à l’affiche, concluons avec l’Enfance de l’art. Mercredi, elle chantera dans Sing Street, excellent film d’ados de l’Irlandais John Carney, et dansera jeudi La Ronde des Couleurs, de petits dessins animés, idéaux pour une première expérience cinématographique à partir de 3 ans. 

Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du GrandAc