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L'Édito

Et au milieu, coulent Cannes et Chabrol…

L'Édito

Et au milieu, coulent Cannes et Chabrol…

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Cannes ! Comme chaque année, la quinzaine cannoise va être le centre névralgique du cinéma mondial. Comme chaque année, le Grand Action y sera afin de préparer les sorties des mois suivants. Mais nos salles restent évidemment ouvertes et continuent de vous proposer exclusivités, rééditions et cycles. Samedi à 16h, en parfaite synchronisation avec sa présentation à Cannes Classic, nous verrons l’avant-première du film Et au milieu coule une rivière, troisième opus de Robert Redford superbement restauré par Pathé. L’autre nouveauté de notre programme est un hommage à un immense réalisateur, malicieux pilier de la Nouvelle Vague qui anima 4 décennies de cinéma. Pendant 6 semaines, en 2 temps et 28 films, nous vous proposons un Cycle Claude Chabrol. Par ailleurs, nous gardons nos dernières sorties, à commencer par Faster Pussycat ! Kill ! Kill ! et The Lost City of Z.

Talentueux acteur sex symbol oscarisé, Robert Redford réussit sa conversion en réalisateur en 1981 en glanant un Oscar pour son premier film, Ordinary People. En 1992, il adapte une nouvelle autobiographique de Norman MacLean en lui donnant le très joli titre de Et au milieu coule une rivière. Au début du XXe siècle dans le Montana, un pasteur initie ses enfants à la pêche à la mouche. Pitché comme ça, ça ne fait pas rêver ; pourtant cette ode à la nature, sujet de prédilection de Redford, magnifiquement éclairée par Philippe Rousselot (Oscar de la meilleure photo) est aussi une riche histoire de famille, notamment entre deux frères. Le film révéla Brad Pitt, que beaucoup virent comme un héritier de Redford, et offrit ses premiers pas cinématographiques à Joseph Gordon-Lewitt, dans le rôle de Norman MacLean enfant. Et au milieu coule une rivière sera au programme à partir du 24 mai.

Si la nature inspire Redford, c’est la vie provinciale qui irrigue le cinéma de Chabrol. Après des études avortées de droit et de pharmacie, le jeune Claude débute comme attaché de presse à la Fox et critique de films, notamment pour les Cahiers du Cinéma aux côtés de Truffaut et Rivette. Il défend la politique des auteurs et, grâce à l’héritage de sa première épouse, peut lancer sa maison de production qui lui permettra de tourner ses premiers films, dont Les Cousins, l’un des manifestes de la Nouvelle Vague naissante. Il divorce et épouse Stéphane Audran, qui sera son actrice fétiche, participant à de nombreuses comédies grinçantes et drames bourgeois que Chabrol s’amusera à composer avec malice. Inimitable pour analyser les passions cachées, les haines tenaces et les perversions inavouables que la bourgeoisie provinciale masque sous de grands airs respectables, il passa avec la même aisance par le prisme du polar, du film noir, de la comédie de mœurs ou de l’adaptation littéraire. Décédé en 2010 à 80 ans, ce gourmet blagueur cultivé fédéra une chouette bande de fidèles comédiens, dont Bernadette Lafont, Isabelle Huppert, Jean-Claude Brialy, Jean Yanne ou Jean Poiret. Pendant 6 semaines, notre Cycle Claude Chabrol vous propose la presque exhaustive filmographie de ce réalisateur-scénariste-producteur aussi généreux que réjouissant. 

Avant de terminer rituellement avec L’Enfance de l’art, redisons que nos précédents succès – Faster Pussycat ! Kill ! Kill !, The Lost City of Z, ValmontManchester by the SeaLovingCertaines femmes – restent à l’affiche. Mercredi, les petits enfants suivront Le Tigre et les animaux de la forêt, dessin animé de Dace Riduze, et dimanche, les plus grands adoreront Blanka, la touchante jeune vagabonde de Manille, filmée par Kohki Hasei.

Bonne quinzaine, à Cannes et Paris.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du G