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L'Édito

Diabolique.

L'Édito

Diabolique.

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Après le « volcanique » qui titrait notre lettre de la semaine dernière, voici donc « diabolique ». Un adjectif qui va très bien au White Dog, de Samuel Fuller, à l’amour étrange sur les flancs du Stromboli de Roberto Rossellini, et bien évidemment à ce diable de Luis Buñuel à qui nous consacrons un cycle. Mais ce déterminant est d’abord dédié à notre nouveau cycle, Les Opérations Diaboliques, qui annonce la ressortie de Seconds, bijou paranoïaque de John Frankenheimer. A partir de mercredi prochain, il sera la vedette de notre mois de juillet.

Vous connaissez (et espérons appréciez) notre propension à accompagner toute ressortie de prestige d’un cycle autour de son auteur ou de son thème. John Frankenheimer, le réalisateur de Seconds – l’Opération Diabolique est ce qu’on appelle un peu méchamment « un faiseur » : un excellent technicien, maîtrisant la grammaire cinématographique, capable de tenir son plateau, mais pêchant parfois à trouver son style propre. Ce fut souvent le cas de ce bon vieux John, né en 1930 et mort en 2002, formé à l’école du documentaire et de la télévision, dont la filmographie recèle cependant quelques perles. Parmi elles, Seconds, très étrange thriller faustien, dont nous vous parlerons plus longuement la semaine prochaine. Pour vous préparer à ce film choc, quasi invisible depuis sa sortie en 1966 et exhumé par nos amis de Lost Films qui portent décidément bien leur nom, un cycle Les Opérations Diaboliques va égayer notre semaine. Nous verrons donc quelques métamorphoses assez perverses, sorties de l’imagination de grands cinéastes, adaptant parfois des classiques. Ainsi Paul Leni, le premier des expressionnistes allemand à rejoindre Hollywood, s’inspire de Victor Hugo pour réaliser L’Homme qui rit. Georges Cukor adapte le dramaturge français Francis de Croisset pour Il Etait une Fois (a Woman’s face), avec Joan Crawford. Brian de Palma tord et met en musique le mythe de Faust, le mâtinant des œuvres de Gaston Leroux et d’Oscar Wilde pour son formidable Phantom of the Paradise. Georges Franju a tiré d’un roman de Jean Redon son chef d’œuvre, les Yeux sans Visage, où Pierre Brasseur est un chirurgien esthétique prêt à tout pour que sa fille fasse bonne figure. Thème assez proche de Johnny Belle Gueule, alias Mickey Rourke, réalisé par Walter Hill en 1989. Un autre médecin, interprété par Antonio Banderas et inventeur d’une peau artificielle, est le héros de La Piel que Habito, de Pedro Almodóvar. Fedora, avant dernière réalisation de Billy Wilder, complète ce cycle qui devrait nous donner des frissons.

Stromboli, somptueux film de Rossellini tourné sur les flancs du volcan, est toujours la star de cette semaine. Le réalisateur a donné là l’un de ses plus beaux rôles à Ingrid Bergman. Elle interprète une jeune femme balte qui, ayant couché avec un officier allemand, s’exile sur cette île pour échapper à son passé et son destin. Les deux la rattraperont. On ne voit pas assez les grands classiques sur grand écran. En bon maître du Néo-Réalisme, habitué à filmer ce qui l’entoure sans détour, Rossellini sait parfaitement jouer de la force tellurique du lieu pour donner à son film une terrible tension. Ingrid Bergman est incroyablement belle, inaccessible, bouleversante et désespérée. Tout ce que l’on demande à une star. Si vous êtes libre jeudi 17 juillet à 19h, venez donc écouter la présentation du passionnant François Guillaume-Lorrain qui nous fait l’amitié de revenir

La star de White Dog est beaucoup moins sexy. Mais tout aussi bouleversante et désespérée. Le chien tueur de Samuel Fuller poursuit sa carrière au Grand Action, et nous insistons pour que vous veniez voir ce film maudit, le dernier grand de son auteur.

Le cycle Luis Buñuel est également toujours à l’affiche. L’occasion de revoir certains des films phares de cet immense cinéaste, de ses débuts surréalistes à ses derniers films… finalement toujours surréalistes.

Terminons avec l’Enfance de l’Art qui nous propose Rouge comme le Ciel, où Cristiano Bortone raconte sans pathos et avec beaucoup de délicatesse l’histoire d’un petit garçon aveugle qui vit sa passion du cinéma par le son.

Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action