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L'Édito

Des joies et des Penn.

L'Édito

Des joies et des Penn.

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Si Sean Penn et Harvey Milk dominent notre programme de la semaine, d’autres bonheurs vous attendent au Grand Action. D’abord, d’autres personnages inventés ou interprétés par Sean Penn, mais aussi Benicio Del Toro, toujours impérial en Che, et Monsieur Clint Eastwood, qui sera l’invité (virtuel) de notre Club-Positif du mois.
Réalisé par et pour lui en 1990, juste avant ImpitoyableChasseur Blanc, Cœur Noir est un film un peu méconnu du grand Clint. Il évoque, de façon détournée, un autre immense réalisateur : John Houston. Lorsqu’il tournait The African Queen, Houston s’est passionné pour la chasse. La même fascination étreint le personnage du film d’Eastwood, qui oublie un peu le cinéma pour traquer, jusqu’à l’obsession, un éléphant. Franck Kausch, philosophe et critique de cinéma, animera le débat qui suivra la séance de mardi à 20h, et pour laquelle nous vous conseillons vivement de réserver vos places.

Cela fait un moment que le personnage d’Harvey Milk trottait dans la tête de certains cinéastes. Cet extravagant au destin extraordinaire possédait tous les atouts pour être incarné sur le grand écran : marginal, précurseur, courageux, charismatique, politique et finalement assassiné. Inspirés par le documentaire oscarisé « The Times of Harvey Milk » (Rob Epstein, 1984), Oliver Stone et Stephen Frears s’étaient penchés sur le berceau cinématographique du gay défunt. Gus Van Sant aussi. Par le biais de Cleve Jones (ami de Milk interprété dans le film par Emile Hirsch, l’exilé volontaire d’Into the Wild), le réalisateur lit un scénario écrit par un jeune auteur, Dustin Lance Black, qui n’avait que 4 ans lorsque Milk fut assassiné. Black, touché par le combat du « Martin Luther King Gay », a consacré plusieurs années de sa vie à rencontrer tous les complices de Milk et à rédiger un scénario biographique d’une grande intelligence. Il est surtout parvenu à retrouver l’esprit d’une époque qu’il n’avait pas connu. Le succès de Brokeback Mountain (Ang Lee, 2005) ayant levé certaines réticences envers les films gays, l’engagement de Gus Van Sant et l’accord immédiat de Sean Penn firent le reste pour qu’Harvey Milk explose à l’écran, dans un film fort, touchant et engagé.

Tous ces adjectifs peuvent aussi s’appliquer à Sean Penn, dont nous programmons certains des films qu’il interpréta ou réalisa. L’occasion de voir ou revoir l’inquiétant The Game, de David FincherMystic River, polar serré de Clint Eastwood, encore lui, et The Assassination of Richard Nixon où Sean Penn projette de tuer le président pour donner un sens à sa vie. Ceci le conduira naturellement à La Dernière Marche, où Tim Robbins, autre cinéaste engagé, filme l’étrange rédemption d’un condamné à mort. Plus léger, She’s so Lovely, met face à face Sean et Robin Wright, couple dans la vie, devant la délicate caméra de Nick Cassavetes, le fils de John. Dimanche et lundi, voici Penn réalisateur. D’abord de The Pledge, un polar où le drame est d’abord intérieur, puis du tragique et lumineux Into the Wild, le magnifique voyage d’un jeune homme au cœur de l’Alaska et de son âme.

Nous n’avons plus beaucoup de place pour parler des deux monstres sacrés de notre programme de la semaine. Le premier est l’icône de la révolution auquel Steven Soderbergh consacre un formidable diptyque : Che L’Argentin et Che Guerilla. Le second est l’une des plus célèbres métaphores de la belle et la bête, et l’un des personnages emblématiques du cinéma. King Kong, le vrai de 1933, nous fera encore frémir lundi à 14h. Terminons avec l’Enfance de l’Art, qui nous propose, mercredi à 14h, un délicieux dessin animé japonais un Eté avec Coo.

Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action