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L'Édito

Après le soleil.

L'Édito

Après le soleil.

Chères spectatrices, chers spectateurs, 

Que reste-t-il quand le soleil s’est couché ? Des souvenirs, vagues, ténus, imprécis, et surtout des sentiments, parfois mêlés de regrets. Voilà le registre d’Aftersun, le premier long-métrage de Charlotte Wells, que nous vous proposons cette semaine, suite à la mémorable avant-première de samedi dernier. Les premières séances de mercredi seront l’occasion d’autres festivités… Cette nouveauté ne perturbe en rien la carrière de nos autres récentes sorties – Tár et Babylon – ni le Club Positif qui rend hommage à Steven Spielberg. 

En effet, mardi 7 à 20h, Christian Viviani, rédacteur de la revue, animera un Club Positif lors duquel nous verrons Le Pont des Espions, un thriller Spielberguien de guerre froide, avec le toujours juste Tom Hanks. A propos de cet immense réalisateur, signalons que nous programmerons un cycle Steven Spielberg à partir du 15 février, pour annoncer la sortie, le 22, de The Fabelmans, son dernier film, largement autobiographique. 

On perçoit, on devine, on pressent aussi une dimension autofictionnelle dans Aftersun, que la passionnante Charlotte Wells est venue nous présenter samedi dernier. La réalisatrice et son film ont conquis le public avec cette touchante histoire d’un père et sa fille en vacances dans un club de Turquie. Mais l’expérience estivale est vue avec distance, filtrée par le prisme des années, le grain de vieilles vidéos et surtout par celui des souvenirs. De petites touches délicates en minuscules moments, en passant par des gestes simples, Charlotte Wells peint avec une grande sensibilité ce rapport père-fille, et ses dysfonctionnements… y compris ceux qu’on ne voit pas. Ce film sur l’invisibilité des sentiments est porté par un duo sensationnel. Paul Mescal, jeune acteur irlandais révélé par la série Normal People de la BBC, construit un père en creux, plein de doutes, de non-dits, de failles. Face à lui, Frankie Corio est une révélation. Dans Aftersun, elle est Sophie, sa fille de 11 ans, incroyable de simplicité complexe, de fulgurances naïves, de solides fragilités. Cette gamine déchire l’écran avec la même douceur que Charlotte dirige son histoire. Il ne s’y passe pas grand-chose, mais l’essentiel se cache entre les images. Pour lancer ce film qui a déclenché une véritable ferveur dans la presse et les festivals (Prix à Cannes, Deauville, Montréal…), l’équipe de la Semaine de la Critique sera parmi nous pour les séances de 11h45 et 14h15 mercredi. Elle viendra les mains pleines de cadeaux : affiches, abonnements Mubi, et même des invitations au prochain Festival de Cannes. Whaou !

Dans le genre multiprimé, Tár fait aussi bonne figure. Cate Blanchett trouve dans le rôle pathologique de la cheffe d’orchestre inventée par Todd Field, l’un de ceux qui marque une carrière. Car cette grande obsessionnelle qui fait tourner le monde, le temps et la musique du bout de sa baguette, est soudain déstabilisée par une sombre histoire. Mahler se met à rimer avec malheur, la terre vacille, et plus dure pourrait être la chute de Tár, du haut du piédestal de sa renommée. 

Si la mise en scène de Todd Field a impressionné jusqu’à Martin Scorsese, le rythme que Damien Chazelle impose aux plus de 3 heures de son Babylon secoue les spectateurs. Audacieux et brutal, ce foisonnant tableau de la folie hollywoodienne des années 20 est un jouissif choc, un shoot d’images. Les performances de Brad Pitt, Margot Robbie, Diego Calva et Jovan Adepo, répondent à l’immense énergie de cette fresque de la grandeur et la décadence du cinéma.  

Trois films majeurs sortis en trois semaines, l’année au Grand Action commence fort ! Mais comme nous sommes fidèles, nous maintenons quelques séances à d’autres succès plus anciens, tels Les Banshees d’Inisherin, incongrue balade irlandaise de Martin McDonagh, Ma Vache et Moi, western burlesque de Buster Keaton, et Falcon Lake, les premières amours de Charlotte Le Bon. 

Évidemment, l’Enfance de l’Art est aussi là, avec son prolongement adolescent, le Sandwich Club. Pour les petits, ce sera mercredi à 14h30 avec 1, 2, 3… Léon ! et, pour les plus grands, dimanche à 14h, l’excellent Stand by Me, adaptation d’une nouvelle de Stephen King par Rob Reiner, avec le regretté River Phoenix et le tube de Ben E. King. Un programme de roi.

Royale semaine donc. 

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action