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L'Édito

Les bizarreries et les bizarres rient

L'Édito

Les bizarreries et les bizarres rient

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Bizarre, La Femme sans Tête, de Lucrecia Martel, que nous propose le Ciné-club Image et Parole vendredi ; étrange aussi le Possession de Zulawski, programmé dimanche à 16h par le Ciné-club des Producteurs, et dérangée la Jeune Femme, de Léonor Serraille, que le Ciné-club Louis Lumière a invitée mardi en compagnie de sa cheffe-op. Kajillionaire, le dernier film de Miranda July, notre sortie de la semaine, s’intègre parfaitement à ces bizarreries mais là, on rit ! Par ailleurs, notre programme récent se poursuit. Rappel en fin de lettre

Trois événements donc cette semaine, et c’est le Cinéclub Image et Parole qui ouvre le bal vendredi à 20h avec La Femme sans Tête, de Lucrecia Martel. Dans ce drame franco-argentin (mais quand même très argentin) projeté en 35mm, une conductrice pense avoir écrasé quelqu’un. Mais est-ce vraiment un chien comme le croit son mari ? Une plongée hypnotique dans la tête d’une femme qui perd la sienne, et que la discussion avec Gabriela Trujillo, Docteure en Cinéma, nous permettra d’approfondir

Dimanche à 16h, le Ciné-club des Producteurs ausculte l’âme des films, en l’occurrence celle, très troublée, de Possession, d’Andrzej Zulawski. Pour nous éclairer sur l’étrange amant de ce noir vaudeville (projeté en 35mm), nous échangerons avec Marie-Laure Reyre, productrice du film, et Dominique Schneidre, auteure de « 3 verres de vodka »

La semaine se terminera mardi à 20h avec la beauté perturbée de Laetitia Dosch, alias la Jeune Femme, de Léonor Serraille. Le Ciné-club Louis Lumière a invité la réalisatrice et Emilie Noblet, sa cheffe-opératrice, pour évoquer leur travail sur ce beau portrait d’une jeune fille, certes en feu, mais surtout à la dérive. Une jolie môme, comme aurait dit Juliette Gréco, dont nous saluons la mémoire et le déshabillé

Fille d’intellos californiens et figure de l’indé-arty-féministe, Miranda July a pénétré le monde du cinéma par la grande porte en décrochant la Caméra d’Or en 2005 avec Moi, Toi, et Tous les Autres. En 2011, elle réalise et interprète The Future, celui assez barré que s’invente un jeune couple avant d’adopter un chat blessé, et que vous pourrez voir vendredi et samedi au Grand Action. On est ravi de retrouver le ton décalé de Miranda, et son regard sur l’Amérique contemporaine dans son nouveau film, Kajillionaire, l’histoire d’une famille bancale de petits escrocs minables, que rejoint une pétillante Portoricaine (Gina Rodriguez). Cette dernière est l’exacte inverse de Old Dolio, la fille du couple, ado attardée en manque d’amour, sautillante mais mal dans sa peau, élevée par un père foireux et une mère boiteuse pour commettre de pathétiques arnaques et de petits larcins. Evan Rachel Wood, révélée toute jeune par Thirteen et dans le rôle d’une vampire de True Blood, se coule à merveille dans le survêt’ trop grand, les cheveux trop longs et la marginalité de Old Dolio, un prénom qui honore un clochard ayant gagné à la loterie ; ça donne le niveau. Improbable, surprenant, burlesque parfois, touchant souvent, Kajillionaire est une bizarrerie du cinéma américain, comme Brad Pitt adore en produire avec Plan B. Une curiosité où l’on tire le diable par la queue, où l’on tente de survivre en imaginant des jours meilleurs, et qui donne une vision cruelle, tendre et drôle des oubliés du rêve américain

 Nos deux antipodiques films d’auteur, le drame intime d’Un Soupçon d’Amour, de Paul Vecchiali, et Tenet, le thriller métaphysique de Christopher Nolan, poursuivent leur belle carrière dans nos salles. Tout comme d’ailleurs notre Cycle Elles se Prénomment Lola, Juliette, Wanda, Barbara, Thelma et Louise, Céline et Julie, et toutes les autres. Rendons hommages aux héroïnes de cinéma

Mercredi à 14h30, l’Enfance de l’Art réunit les générations autour d’Un Petit Air de Famille, 5 dessins animés pour s’initier, dès 3 ans, aux joies du cinéma. Dimanche à 14h, nous verrrons Minuscule 2 – Les Mandibules du Bout du Monde, de Thomas Szabo et Hélène Giraud, où les insectes font preuve de solidarité. Deux beaux exemples du talent de l’animation française. Cocorico !

 Belle semaine.

Isabelle Gibbal Hardy et l’équipe du Grand Action.