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L'Édito

1969, année cinéphile

L'Édito

1969, année cinéphile

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Vous devez sans doute savoir que Once Upon a Time… in Hollywood, le dernier Quentin Tarantino, se déroule l’année où l’on a marché sur la Lune, fêté Woodstock et assassiné Sharon Tate. Alors que ce dernier fait divers plane au dessus de la chronique hollywoodienne de Tarantino, notre cycle Il était une fois… 1969 vous propose de revoir certains films marquants de cette année charnière, dont quelques-uns font partie de la psychè du réalisateur-cinéphile. Ce dernier revendique d’ailleurs de nombreuses inspirations, dont Carrie de Brian DePalma, pour ses impressionnants torrents de sang. Même s’il date de 1976, il est donc de bon ton de retourner faire un tour au bal du diable, surtout sur copie neuve. Cette semaine, vous pourrez aussi embarquer avec Buster Keaton pour la funesto-burlesque Croisière du Navigator, ou suivre les démons de la rockeuse de Her smell.

Quand Tarantino ne fabrique pas de films, il en regarde. Et, en bon obsessionnel, il les mémorise et y fait référence dans ses propres réalisations. Ainsi, on pourrait s’amuser des heures à dénicher les clins d’œil qu’il distille astucieusement dans son dernier succès : Once Upon a Time… in Hollywood. L’action se déroule dans la capitale du cinéma et gravite autour de 3 personnages. Deux sont pure fiction : Rick Dalton, acteur déclinant, et Cliff Booth, sa doublure et âme damnée, compose un réjouissant duo, interprété par deux des plus grandes stars contemporaines. La troisième, Sharon Tate, jeune première et épouse de Polanski, exista réellement et mourut lors d’une terrible tragédie qui marqua profondément les esprits. Mais le monde de Tarantino se moque des conventions et des réalités, et s’amuse à réinventer l’histoire. Alors suivons-le joyeusement dans ses brillantes digressions, ses scènes au cordeau, son humour ravageur et sa violence qui ne l’est pas moins. Car Tarantino adore l’hémoglobine ; certains s’en réjouissent, d’autres le déplorent, sans toutefois pouvoir résumer son cinéma à sa sanglante complaisance. Fort de ce constat, il est tout naturel que, parmi ses films cultes, Carrie compte beaucoup. On connait l’histoire de cette jeune fille, inventée par Stephen King et qui, confrontée à la folie de sa mère, ses premières règles et les rires de ses camarades, utilise ses pouvoirs kinesthésiques pour se transformer en machine à tuer. Sorti en 1976, ce film horrifique de Brian DePalma fut un immense succès et révéla Sissy Spacek. La revoir sanguinolente sur copie neuve 43 ans plus tard demeure un grand frisson.

Tandis que le duo d’acteurs de Once Upon a Time arpente Hollywood Boulevard en Cadillac, de nombreux films sortaient sur les écrans (Margot Robbie, alias Sharon Tate, va même se voir au cinéma). Le cycle Il était une fois… 1969 vous propose d’en redécouvrir certains, que Tarantino lui-même recommande. Ainsi Easy Rider, de Dennis Hopper ou Model Shop, de Jacques Demy, donnent, selon Quentin, le ton de l’époque qu’il évoque. Il aurait aussi pu citer Macadam Cowboy, de John Schlesinger, On Achève bien les Chevaux, de Sydney Pollack, le documentaire Moonwalk One, de Theo Kamecke, et surtout Les Tueurs de la Lune de Miel, film froid et violent de Léonard Kastle, qui tous, racontent ce que le cinéma proposait au public de ces années là.

Si Tarantino et ses obsessions occupent une large part de notre programme, ils laissent un peu de place à La Croisière du Navigator. Buster Keaton, virtuose sans parole, nous embarque pour une drolatique bordée parfaitement maîtrisée par cet orfèvre de la mécanique burlesque. En quelques tableaux virevoltant, touffus, déglingués, Alex Ross Perry nous entraîne lui dans la folie destructrice d’une star du grunge des années 90. Dans Her smell, Elisabeth Moss incarne avec une belle conviction destroy sa quête de rédemption.

Il ne nous reste plus qu’à conclure avec l’Enfance de l’Art. Jeudi à 10h30, les petits se régaleront de la fable Le Cochon, le Renard et le Moulin, d’Eric Oh. Dimanche à 14h, tout le monde de réjouira de l’immortel et simiesque comédie de Howard Hawks, Chérie je me sens rajeunir, qui réunissait Cary Grant, Ginger Rogers et Marilyn Monroe. L’un des plus drôles et brillants classiques de l’histoire du cinéma.

Belle semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action.