Un peu de kitsch.

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Quand le philosophe et sociologue Edgar Morin a inventé le mot « kitsch » pour désigner « un style qui détourne l’usage d’éléments démodés », il n’avait pas encore vu La Planète des Vampires(Terrore nello spazio). Pourtant, ce bijou signé par un Mario Bava totalement maître de son art pictural, mérite largement ce qualificatif. D’une certaine manière, l’adjectif peut aussi s’appliquer au Sport favori de l’homme. Cette pétillante comédie de Howard Hawks est le choix de notre dernier Ciné-club Positif de la saison, à venir le mardi 12 juillet à 20h. Mais avant, samedi en l’occurrence, il y aura un autre événement : l’Avant-première de Diamond Island, deuxième long métrage du très prometteur jeune réalisateur franco-cambodgien Davy Chou.

Il y a quelques années, Davy Chou nous avait séduit avec Le Sommeil d’or. Nous sommes donc ravis d’accueillir l’Avant-Première de son prochain film, Diamond Island, qui sortira à la fin de l’année. Sur les bords d’un lac non loin de Phnom Penh, un gigantesque chantier doit faire naître une station balnéaire pour touristes fortunés. La jeunesse cambodgienne oscille entre tradition et modernité, mais un garçon cherche surtout son frère mystérieusement disparu. Samedi à 20h, Davy sera au Grand Action pour échanger avec le public, dans le cadre des 29 Avant-Premières, autant que les 29 salles qui composent l’association des Cinémas Indépendants Parisiens (CIP), dont nous sommes fiers de faire partie.

Quel est le Sport favori de l’homme? En voyant Rock Hudson en pyjama à pois, il n’est pas certain que ce soit la pêche. Il est pourtant censé en être un spécialiste, alors qu’il la déteste et va devoir l’expérimenter. Voici le point de départ cette screwball comedy, dans laquelle Howard Hawks retrouve sa verve et sa fougue de l’Impossible Monsieur Bébé. Mardi soir, Fabien Bauman, rédacteur à la revuequi consacre un dossier à la comédie, présentera ce Man’s Favorite Sport pour le dernier Ciné-club Positif de la saison.

Étudier aux Beaux-Arts a sans doute donné le sens de la couleur à Mario Bava qui, dans les années 40, fut un chef-opérateur très demandé. Il passa à la réalisation, et se fit remarquer par sa vitesse de travail. Attiré par l’horreur, parfois mâtiné de gothique, Bava la mêle à l’intrigue policière et l’érotisme gentillet, posant ainsi les bases du giallo, un genre typiquement italien qu’il invente au tournant des années 60 avec Dario Argento. Pendant cette décennie, Américan International Pictures lui commande 5 films de science-fiction. Il n’en fera qu’un seul – La Planète des Vampires – que nous sommes heureux de ressortir sur une extraordinaire copie neuve 4K qui redonne toute sa flamboyance aux couleurs d’origine. Le script est assez simple : une mission sur une planète lointaine dont les membres, envoûtés par les extraterrestres locaux, s’entretuent joyeusement. Même s’il est nettement moins effrayant, il a largement inspiré Ridley Scott pour son Alien. Et l’image demeure l’une des plus étincelantes utilisations du technicolor.

Cette nouvelle reprise de l’été n’efface pas les précédentes, qui gardent l’affiche. Alors ne vous privez pas d’un voyage vers Haïti, île des pratiques vaudous et des zombis où nous emmène Wes Craven dans The Serpent and the Rainbow, ni de quelques heures dans la fournaise new-yorkaise pour les conflits ethnico-communautaires de Do The Right Thing, de Spike Lee, ni dans l’Amérique profonde et trouble de Blue Velvet, de David Lynch.

On conclue avec un gros programme de L’Enfance de l’Art. Mercredi à 10h30, ce sera avec la petite souris Fievel et le nouveau monde, très chouette dessin animé de Don Bluth ; jeudi même heure et dimanche 14h, rendez-vous avec le plus gros des génies du burlesque, Fatty se déchaîne, série de courts métrage de Roscoe Fatty Arbuckle.

Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action.

Un petit post-scriptum pour rendre hommage à Michael Cimino, parti pousser les portes du Paradis, et à Abbas Kiarostami que le vent a emporté.