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L'Édito

Positivement fans de Miller

L'Édito

Positivement fans de Miller

Chères spectatrices, chers spectateurs, 

Nous sommes ravis d’ouvrir la saison événementielle avec le plus ancien de nos ciné-clubs, le Club Positif. Mardi 6, notre cher Yann Tobin commentera Mirage de la Vie, un Douglas Sirk magnifiquement restauré en 4K. Quant au bon génie du dernier George Miller, Trois mille ans à t’attendre, il sera épaulé par un cycle consacré au réalisateur de la série Mad Max, dont les quatre sont d’ailleurs au programme. Nous retrouvons sur nos écrans une belle liste de nos récents succès, dont les affiches concluent cette lettre. 

Né Hans Detlef Sierck à Hambourg en 1897, Douglas Sirk débute dans la mise en scène théâtrale avant de s’essayer au cinéma. Mais ses positions, mal vues par le régime nazi, le contraignent à fuir l’Allemagne en 1937. En plus, sa seconde femme est juive ! Le couple atterrit aux USA, où ils deviennent, étonnamment, d’heureux fermiers. Après l’entrée en guerre de leur pays d’accueil, leurs origines germaniques créent des tensions avec leurs voisins de ruralité. Sous un pseudo d’artiste, Douglas Sirk se rapproche alors du monde du cinéma, et réalise des films sans grand intérêt. Après-guerre, « Hans » retourne en Allemagne pour retrouver son fils, né d’un premier lit ; mais le jeune homme, membre des jeunesses hitlériennes, est mort à 19 ans sur le front russe. Atterré par la nouvelle, Sirk rentre à Hollywood, qu’il marquera de sa patte par la couleur de ses mélodrames, renouvelant avec brio ce genre un peu daté. Mardi 6 à 20h, lors du Club Positif de rentrée, nous reverrons Mirage de la Vie, son dernier long-métrage de 1959, en compagnie de Yann Tobin, rédacteur à la revue.  

Comme Sirk, George ne s’appelle pas Miller, mais Yorgos Miliotis. Cet Australien fait une entrée tonitruante dans le gotha du cinéma mondial avec Mad Max, le premier héros punk de l’apocalypse post-hydrocarbures. Grand succès, confirmé par un deuxième volet (Mad Max 2, le Défi), puis un troisième (Au-delà du Dôme de Tonnerre), qui pâtit toutefois du décès accidentel du producteur et complice historique de Miller, Byron Kennedy. Entre temps, le réalisateur a rencontré Hollywood en signant le dernier (et le meilleur) des quatre épisodes de La Quatrième Dimension. Il part s’y réinventer grâce aux Sorcières d’Eastwick, comédie fantastique avec Jack Nicholson et Susan Sarandon ; tournage difficile mais réussite complète. Il enchaîne avec la série Babe, le cochon comique, puis une autre d’animation (Happy Feet), avant de renouer, en 2015, avec Mad Max. Tom Hardy remplace Mel Gibson, et s’embarque dans la pétaradante destroyitude de Fury Road. En attendant le cinquième opus (Furiosa) prévu pour 2024, le réalisateur prend tout le monde à contrepied avec Trois mille ans à t’attendre. La formidable Tilda Swinton y joue une universitaire solitaire qui rencontre un génie amoureux. Un vrai génie, qui sort d’une lampe et exauce trois vœux ! Mais on n’attrape pas les intellos du récit avec des histoires à deux balles. Le génie, alias le solaire Idris Elba, va donc mendier ses souhaits en lui racontant des légendes dignes des 1001 Nuits. Trois mille ans à t’attendre peut parfois évoquer Amélie Poulain. Le destin, souvent contrarié, joue d’abord un grand rôle dans ce conte philosophique, mais la narration poétique, les secrets cachés, la fantaisie baroque, la réalisation ébouriffante aux couleurs saturées rappellent aussi le carton de Jeunet. Ces Trois mille ans passent comme un rêve, d’une époustouflante richesse visuelle, bien servis par un montage enfilant les moments de bravoure. 

Avant de retrouver nos fameuses affiches, parlons de l’Enfance de l’Art. Mercredi à 10h30, Les Fables de monsieur Renard, où le goupil vit différentes aventures qu’appréciera le jeune public. Dimanche à 14h, Arrietty le petit monde des chapardeurs, nous fait découvrir une attachante fée clochette écolo.  

A mardi prochain.