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L'Édito

Il faut que jeunesse se passe.

L'Édito

Il faut que jeunesse se passe.

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Les élans de la jeunesse vont encore animer notre semaine avec la fin du Smells Like Teen Spirit d’une part, qui proposera une dernière séance de La folle journée de Ferris Bueller de John Hugues, une rencontre avec Patricia Mazuy après la projection de son film Saint-Cyr, en clôture le documentaire Inutile de fuir de Kevin Elamrani-Lince en sa présence et d’autre part la ressortie du classique de Brian De Palma : Carrie. Comme souvent avec De Palma on frémira d’angoisse devant cette adaptation du terrible premier livre de Stephen King. Autre portrait d’une jeunesse qui va subir de plein fouet l’Historie : Detroit, que nous continuons de vous proposer. Kathryn Bigelow s’attache une nouvelle fois à la reconstitution terriblement précise d’une part sombre de l’histoire américaine : les émeutes qui ont agité la Motor City en 1967. Par ailleurs, Phase IVLes Proies, et Certain Women conservent quelques séances.

Brian De Palma est loin d’en être à son coup d’essai quand il s’attaque à l’adaptation du premier roman d’un jeune auteur nommé Stephen King. Pourtant on peut considérer Carrie comme un des ses premiers coup de maître. Réalisé quelques mois à peine après Obsession, Carrie est un pur film d’horreur, qui même si il s’éloigne du roman de King en restitue parfaitement son atmosphère, tout en renvoyant toujours à l’un de ses modèles, Alfred Hitchcock, notamment dans la partition musicale de Pino Donaggio (elle aurait dû être de Bernard Herrmann), avec qui De Palma travaille pour la première fois mais qu’il retrouvera de nombreuses fois de Pulsions à Passion, en passant par Body Double et bien d’autres grands films. Mais au-delà de sa maitrise parfaite des codes de l’épouvante,  c’est en faisant le portrait d’une adolescente en pleine souffrance que De Palma fait du film plus qu’un simple film d’horreur. Sissy Spacek, toute en fragilité derrière ses taches de rousseurs, incarne avec une agilité stupéfiante cette jeune fille, balloté entre une mère étouffante et des camarades d’une cruauté sans nom.

C’est déjà la fin du Smells Like Teen Spirit, il vous reste encore une journée pour profiter de cette deuxième édition du festival consacré aux teen movies. Et ils ont gardé pour la fin un programme des plus éclectique : d’abord à 14h La folle journée de Ferris Bueller de John Hugues, envolée pop dans le Chicago de l’air Reagan, tout en spleen et en ironie grinçante. Ensuite direction la France du XVIIe siècle avec Saint-Cyr de Patricia Mazuy, évocation de l’école du même nom pour jeunes filles nobles désargentées imaginée par l’épouse secrète du roi, madame de Maintenon, interprété brillamment par Isabelle Huppert. Patricia Mazuy sera présente pour une échange à l’issu de la projection, qui sera aussi l’occasion de revenir sur ces autres portraits de jeunes filles en colère que sont Peaux de Vaches ou Travolta et moi. Enfin le festival se clôturera avec Inutile de fuir de Kevin Elamrani-Lince, qui sera présent ainsi que le musicien Krampf pour échanger avec le public après la projection de ce documentaire, film manifeste, qui  porte le titre d’une compilation de 51 tracks d’expérimentation club inspirés du son gabber et hardcore. À l’image, cela donne une fascinante plongée en apnée entre recoins perdus de départementale, immersion en boîte de nuit cradingue et portraits d’acteurs de la scène.

Enfin nous proposons toujours le dernier film de Kathryn Bigelow, Detroit. Evocation terriblement puissante des émeutes de 1967 qui ont ravagé la ville. Film d’une force politique rare, film nécessaire et terrible.

Non sans vous rappeler que certains de nos anciens films cités en début de lettre demeurent à l’affiche, concluons avec l’Enfance de l’Art. Jeudi, une des premières mais déjà brillante production des Studios Ghibli, Panda petit panda et dimanche La Chasse au lion à l’arc de l’immense Jean Rouch. 

Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du GrandAction