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L'Édito

Ho Corse, île de cinéma.

L'Édito

Ho Corse, île de cinéma.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Au niveau de la programmation, c’est assez simple, avec les projections de nos dernières exclusivités, à savoir The Grand Budapest Hotel, la délicieuse fable survoltée de Wes Anderson, The Canyons le thriller érotico-tordu de Paul Schrader, et Le Loup de Wall Street, dernier Scorsese en date, où le réalisateur règle son compte à la finance folle grâce à un Léo DiCaprio impayable. Mais le grand moment de la semaine aura lieu alors qu’elle tirera ses derniers feux. Mardi soir, nous recevrons lors d’une soirée exceptionnelle les lauréats du Festival des Nuits Méditerranéennes de Corte qui se tient cette semaine en Corse.

Chaque mois de mars, Alix Ferraris organise un festival pour prouver que son île de beauté ne se résume pas aux clichés véhiculés sur elle. Et il montre des courts métrages pour la plupart issue de cette si particulière culture insulaire. Nuits Méditerranéennes de Corte est un des festivals les plus attachants que connait le monde du cinéma car il est intergénérationnel et interprofessionnel, le jury étant composé d’étudiants et de professionnels du cinéma représentant l’intégralité de la filière. A côté des deux sélections de films courts, une méditerranéenne et la seconde internationale, des scripts doctors et des producteurs accompagnent de jeunes scénaristes dans le cadre d’un atelier d’écriture. Depuis trois ans, France Télévision est partenaire du festival et pré-achète le scénario primé.
Egalement partenaire des Nuits Méditerranéennes de Corte, le Grand Action est heureux de vous faire partager ses découvertes lors de la soirée de mardi. En présence des équipes, nous y projetterons les cinq films qui auront été primés pendant la semaine. Une soirée chaleureuse en perspective, arrosée de Pietra, cette fameuse bière à la châtaigne, et de champagne Lanson.

Mais revenons en au programme avec en vedette The Canyons, dernier film de Paul Schrader qui n’avait pas fait parler de lui depuis pas mal de temps. Ce grand scénariste, à qui l’on doit notamment Taxi Driver et Raging Bull, est passé depuis longtemps à la réalisation. Il s’est ici acoquiné avec le sulfureux auteur d’American Psycho, Bret Easton Ellis, pour composer une drôle d’histoire de manipulation, de désir et de sexe, qui n’est pas sans évoquer certains films de DePalma (que, vous le savez, nous aimons beaucoup). Avec son mini budget, sa peinture acide du milieu du cinéma à Hollywood, son image numérique glaçante, son casting décalé – Lindsay Lohan, ex-Disney-girl défoncée et James Deen, venu du porno – Schrader expérimente ce qu’il nomme lui-même le « cinéma de l’après-salle ». Et pour fixer sa théorie selon laquelle la salle obscure n’est plus le vecteur privilégié du film, il débute son film par une magnifique série de plans de « movie theatre » abandonnés. C’est poignant. Un film étrange et dérangeant, servi par une bande son entêtante.

C’est la star frenchy Alex Desplat qui a signé celle du Grand Budapest Hotel, s’inspirant des riffs de guitares tziganes symboles de la Mitteleuropa où nous projette Wes Anderson. Le réalisateur s’est lui-même inspiré de Stefan Zweig et Ernst Lubitsch pour composer ce film choral où le petit monde d’un grand hôtel des années 30 est dirigé par le plus fascinant des concierges : Monsieur Gustave, allias Ralph Fiennes. Dans cette histoire irracontable aux 1000 rebondissements, on retrouve toute la patte Anderson : vitesse d’exécution, symétrie des cadres, précision des mouvements de caméra. C’est brillant et emballant.
A ceux qui l’auraient raté, nous proposons une séance de rattrapage du dernier Scorsese, sorti cet hiver. Si vous n’avez pas vu cette charge sur la finance sans foi ni loi et Léo DiCaprio dans un numéro exceptionnel, rendez-vous vendredi 16h avec Le Loup de Wall Street.

Cela fait deux semaines qu’il n’y à pas d’Enfance de l’Art… Rassurez-vous, elle revient dimanche prochain.
Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action