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L'Édito

D’un bout à l’autre

L'Édito

D’un bout à l’autre

Chères spectatrices, chers spectateurs

Pour cette vraie semaine de rentrée, nous retrouvons – Ô joie ! – trois de nos événements, dans des genres très variés, et surtout deux nouveautés, qui vont d’un bout à l’autre du cinéma d’auteur. D’un côté, la tonitruante métaphysique de Tenet, le dernier Christopher Nolan ; de l’autre, la résilience intime d’Un Soupçon d’Amour, nouveau film de Paul Vecchiali. Deux vrais auteurs-réalisateurs-producteurs qui creusent le sillon de leur œuvre : le temps dans tous les sens pour le premier, l’amour sous toutes ses formes pour le second. Mais parlons d’abord des événements

Jeudi à 20h, le Ciné-club des Ecoles nous ramène aux années 70, quand la French Connection tenait le marché de la drogue entre Marseille et New York. Sylvain Lefort, critique à Revus&Corrigés, et Laurent Vachaud, des Inrocks, nous re-présenteront Popeye, alias Gene Hackman, flic musclé qui veut démanteler le trafic. Avec French Connection, William Friedkin réalisait son premier gros carton, et signait surtout un modèle de drame policier. On en débattra avec nos spécialistes.

Vendredi à 20h, rentrée des Rendez-vous du Cinéma Grec avec Where is Jimi Hendrix ? Dans ce drôle de film, Marios Piperides raconte l’odyssée d’un musicien raté qui, pour retrouver Jimi Hendrix, le chien de son ex, doit traverser Chypre. Mais l’île est divisée, ce qui complique grandement les choses. Les Valseurs, distributeurs du film, viendront nous présenter cette comédie décalée et attachante, qui s’amuse d’un conflit – non réglé – entre la Grèce et la Turquie.

Dimanche à 18h, Du Décor à l’écran retrouve aussi les salles avec Cyrano de Bergerac. Rapières aiguisées et perruques poudrées, grand nez et grand Gégé, le Cyrano de Rappeneau est la référence du cinéma de « qualité française ». On y trouve l’intelligence et l’élégance des vers d’Edmond Rostand, le savoir-réaliser, le rythme et le souffle des films de Jean-Paul Rappeneau, et la belle justesse des décors de Jacques Rouxel. Les deux derniers seront dans la salle pour revoir cette adaptation aux 10 César, et en parler avec le public.

Une fameuse formule résume l’argument d’Andromaque, tragédie de Racine que répètent les personnages d’Un Soupçon d’Amour, dernier film de Paul Vecchiali : « Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui aime Hector, qui est mort. » Geneviève Garland, GG pour ses fans et Marianne Basler à l’écran, souffre d’interpréter la princesse Troyenne, veuve fidèle, amoureuse d’un souvenir, et dernière protectrice de son fils. Car la célèbre comédienne doit d’abord protéger le sien, gentil pré-ado à la santé précaire et à la toux persistante. Elle quitte la scène, abandonnant son mari et partenaire aux mains de sa maîtresse, pour s’occuper de l’enfant dans son village natal, où rôde le passé. Paul Vecchiali, jeune réalisateur nonagénaire, fait semblant de broder autour du triangle amoureux, pour masquer le vrai enjeu de son film. Fabienne Babe, Jean-Philippe Puymartin, Pierre Sénélas et le jeune Ferdinand Leclère, donnent la réplique à Marianne Basler, troublante et récurrente interprète de la si étrange petite musique que joue Vecchiali.

Celle qu’interprète le virtuose Christopher Nolan, si elle n’est pas moins personnelle, résonne beaucoup plus fort. Pour son Tenet, le réalisateur promène ses protagonistes dans le temps, et y entraîne les spectateurs. Déjà sujets d’Inception, d’Interstellar et, de façon différente, de Dunkerque, le temps, son passage et sa non linéarité sont au cœur du spectaculaire de Nolan. Le scénario de Tenet est certes un peu tordu et plein de pièges, mais la réalisation embarque le tout, et révèle le talent de Kenneth Branagh pour jouer les méchants. Le film incontournable de la rentrée, qui mérite vraiment les 2h30 et les efforts de compréhension qu’il réclame.

On ne sait pas si, comme le dit l’expression populaire, « il n’y a plus d’enfant ». Mais, ce qui est sûr, c’est que, mercredi et dimanche, il n’y a pas Enfance de l’Art. Que ça ne vous empêche pas de passer une belle semaine.

Isabelle Gibbal Hardy et l’équipe du Grand Action.