Scroll down
L'Édito

Charlotte Forever.

L'Édito

Charlotte Forever.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Même si Serge Gainsbourg avait écrit ce titre pour une autre Charlotte – sa fille –, il n’est pas illégitime de l’usurper aujourd’hui. Il annonce parfaitement notre programmation spéciale « Charlotte Rampling », co-vedette avec Paul Newman et James Mason du Verdict, que nous projetons sur une copie neuve qui respecte la magnifique lumière inventée par le chef opérateur Andrzej Bartkowiak.
Le Verdict, chef d’œuvre du film de procès signé Sidney Lumet sur un scénario de David Mamet, nous permet donc de rendre hommage à une grande dame du cinéma mondial, qui nous a fait l’honneur de sa visite en début de mois. C’est sans doute en parti grâce à son père, Colonel de l’Armée Britannique, que Charlotte Rampling doit son élégance naturelle. Arrivée en France à 9 ans, elle apprend notre belle langue avant de repartir en Angleterre pour débuter sur les planches. Vite repérée, elle obtient son premier rôle en 1965 aux côtés de Jacqueline Bisset et Jane Birkin, dans le film emblématique du swinging London, Le Knack… et comment l’avoir, de Richard Lester. Internationale par nature et atavisme, Charlotte travaille entre l’Angleterre – pour Boorman dans Zardoz, entre autres – et l’Italie, où Luchino Visconti la retient pour les Damnés, avant Liliana Cavani, qui lui offre le rôle ambigu et masochiste d’une rescapée des camps nazi amoureuse de son bourreau, dans Portier de Nuit, en 1974. Ce film scandale lance sa carrière et lui ouvre toutes les portes, en France – avec Chéreau, Boisset, Molinaro, et plus récemment Moll, Ozon ou Cantet – comme en Amérique – avec Lumet ou Woody Allen. Exigeante et iconoclaste, Charlotte se permet de prendre des risques, comme dans Max Mon Amour, de Oshima, où elle est amoureuse d’un chimpanzé !
Il ne fut pas facile de faire un choix pour un festival de Films de Charlotte. D’autant que, pour d’obscurs problèmes de droits ou tout simplement parce qu’aucune copie n’existe, certains films ne sont pas projetables. Voici donc une sélection de productions de Charlotte, où l’étrangeté domine. Commençons avec Immortel, où le dessinateur Enki Bilal transpose son univers visuel débridé au cinéma ; puis le non moins intrigant Signs and Wonder, signé Jonathan Nossiter, réalisateur du documentaire Mondovino. Viendront ensuite Stardust Memories, chef d’œuvre de déconstruction de Woody Allen, Angel, le seul film en costume de François Ozon, à qui l’on doit aussi l’hypnotique Sous le Sable, où Charlotte Rampling erre à la recherche de son mari disparu. Lemming, mystérieuse et intellectuelle métaphore filmée de Dominick Moll, et Vers le Sud, très beau film de Laurent Cantet sur les femmes blanches qui vont acheter de l’amour en couleur, complètent le programme.

Et n’oubliez pas notre comédie noire de l’été, Bons Baisers de Bruges, ni le travail de l’Enfance de l’Art, qui, mercredi à 14h, a choisi de nous faire rêver médiéval avec Prince Vaillant, de Henry Hathaway.
Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action