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L'Édito

Ceux qui s’aiment prendront le train.

L'Édito

Ceux qui s’aiment prendront le train.

hères spectatrices, chers spectateurs,
Cette semaine arrive sur nos écrans A Bord du Darjeeling Limited, un film ferroviaire initiatique, étonnant, attachant, différent, signé par Wes Anderson, l’une des têtes de file de la nouvelle Nouvelle Vague américaine. Mais cette semaine (mardi à 20h) est aussi celle du Club Positif avec le Brigand Bien Aimé, où Henri King filme, dans un éblouissant technicolor de 1939, la légende de Jessie James, que le film contribuera largement à faire naître. Tyrone Power et Henri Fonda, respectivement Jessie et Franck James, forment une fratrie de bandits-justiciers qui fit date, et quant à John Carradine, il compose l’un des plus formidable fourbe du cinéma. Ajoutez à cela des images d’une stupéfiante beauté (Ha ! Le reflet bleuté des revolvers !) et vous comprendrez pourquoi Marc Cerisuelo, grand connaisseur du cinéma américain, aura tant de choses à nous dire dans le débat qui suivra le film. Cette rencontre se poursuivra autour d’un cocktail préparé par le Buisson Ardent dans notre Grand Bar et la réservation est vivement conseillée.

Wes Anderson est un drôle de cinéaste, délicieusement déjanté et obsédé par l’idée de la famille. Pour travailler, il s’est inventé la sienne, qu’il retrouve film après film. Son premier long-métrage (Bottle Rocket), réalisé en 1996 alors qu’il est à peine âgé de 27 ans, met en scène Owen Wilson, acteur de A Bord du Darjeeling Limited. Avec le même Wilson, il écrit son film suivant, Rushmore, avec Bill Murray (qui tournera dans la Vie Aquatique, précédent film d’Anderson) et Jason Schwartzman, repéré en Louis XVI dans le Marie-Antoinette de Sofia Coppola. Jason et Roman Coppola, frère de la précédente, sont l’un acteur, l’autre co-producteur du Darjeeling, et tous deux en co-signent le scénario. Le cinéma selon Anderson est une affaire de famille, et il adore raconter des histoires de famille. Voici donc 3 frères, Francis (Owen Wilson), Jack (Jason Schwartzman) et Peter (Adrien Brody, un nouveau venu dans la tribu Anderson), qui ne se sont pas parlé depuis la mort de leur père et décident de faire ensemble un voyage en Inde pour se retrouver. Mais ils partent aussi à la rencontre de leur mère, devenue religieuse, interprétée par la sublime, Anjelica Huston, membre d’honneur de la bande de Wes, déjà vue dans La Famille Tenenbaum et la Vie Aquatique. Armés de trop de bagages, dont une imprimante saugrenue et des compagnons encombrants, les trois frangins sont aussi encombrés de leurs problèmes amoureux, familiaux, conjugaux ou personnels, dont Francis porte les stigmates. Leur voyage en train dans un pays si différent leur ouvrira de nouveaux chakras. Il ravira aussi les spectateurs qui découvriront une comédie dramatique hors norme, mise en scène avec une belle maîtrise.

En salle Club, c’est aussi la famille qui est à l’honneur avec Distant Voices, Still Lives, le double film que Terence Davies a réalisé sur la sienne en 1985. Tout n’est pas rose dans la banlieue de Liverpool, mais chez les Davies, on trouve toujours une chanson pour mettre un peu de soleil dans la grisaille. Distant Voices, Still Lives est un film intime et vrai sur la vie ; il est cruel comme elle, et beau comme l’idée qu’on peut parfois s’en faire. Autre vision sublimée et sensible de la cruauté du quotidien, The Kid, l’un des chefs d’œuvres de Chaplin sur l’art de l’enfance, nous est proposé mercredi à 14h par l’Enfance de l’Art. C’était une évidence et The Kid demeure un film essentiel.

Bonne semaine en famille et au cinéma.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action