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L'Édito

Bizarre, comme c’est bizarre…

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Bizarre, comme c’est bizarre…

Cette semaine, notre programme prend une tournure étrange que la punch line de Louis Jouvet introduit parfaitement. Elle sera en effet marquée par le Festival des Cinémas différents et expérimentaux de Paris avec, de mercredi à dimanche, de déroutants objets filmiques, passionnants et intrigants, sélectionnés par nos amis du Collectif Jeune Cinéma. Mardi 16 à 20h, le Ciné-club Positif nous propose, dans la lignée du dossier de la revue consacré à la comédie musicale, All that jazz, de Bob Fosse, où la mort danse et chante. Hum-hum… Bizarre aussi, le regard que ses collègues jettent sur Le Flic de Beverly Hills, héros d’une comédie policière phare des années 80 avec un excellent Eddie Murphy, que nous ressortons sur copie neuve. Nos précédents succès, avec notamment BlacKkKlansman et Leave no trace, dernières réalisations respectives de Spike Lee et Debra Granik, poursuivent leur carrière. Rien ici de bizarre.

Le cinéma expérimental est en grande partie né des déchets (…) Il y a d’ailleurs trouvé son compte, puisqu’il en a sorti des chutes, des caméras cassées et obsolètes, des matériaux usés qui ont fait les choux gras de l’expérimental jusqu’à nos jours. (…) Alors que le numérique tente de lisser toutes les aspérités et de réduire les risques de déchets possibles, certains artistes tentent de remettre à vue le rebut. Le ton du Festival des Cinémas différents et expérimentaux de Paris est donné dans son éditorial de présentation. Nous sommes ravis d’accueillir ces réalisateurs de la bizarrerie et de la marge, qui préfèrent la recherche à l’industrie. Parmi les 42 films de 22 nationalités, exigeants et toujours passionnants, proposés par le FCDEP, certains renouent cette année avec le « jeune public ». De quoi faire naitre des vocations d’expérimentateurs filmiques. Le cinéma aura toujours besoin de chercheurs, ne serait-ce que pour ne pas finir dans la benne à ordures des produits formatés.

Pour illustrer le passionnant dossier de Positif consacré à la comédie musicale, mardi 16, le Ciné-club Positif nous propose d’en revoir une particulièrement marquante, Palme d’or à Cannes et multi-oscarisée en 1980. Dans All that jazz, Bob Fosse montre l’étrange et musical dialogue avec la mort d’un chorégraphe qui joue avec sa vie. C’est brillant et magnifique. Après le cocktail au Grand Bar offert à partir de 19h30 par nos amis du champagne Veuve Cheurlin, des Trois Chouettes et de l’Intendance Suivra, Christian Viviani, rédacteur chez Positif et grand spécialiste de ce genre où l’on chante et l’on danse dans toutes les circonstances, nous présentera le film.

Iconoclaste et rigolard, Axel est inspecteur de police à Detroit. Après le meurtre d’un de ses amis, il part enquêter officieusement et devient Le Flic de Beverly Hills, avant de semer un sacré souk dans ce quartier huppé de Los Angeles. Au milieu de ces dévergondées et flamboyantes années 80 bercées aux synthétiseurs, Martin Brest réalisa cette excellente comédie, qui fit de Eddie Murphy une star mondiale. Son personnage, déjanté, provocateur et efficace, inventa un nouveau flic, assez loin des clichés du genre. Un spectacle énergique, un brin nostalgique et assez emblématique de l’époque, à revoir sur copie neuve, pour le plaisir.

C’est un autre flic black, infiltrant – autre bizarrerie – le Ku Klux Klan que suit Spike Lee dans BlacKkKlansman. Avec cette comédie décalée, le réalisateur phare de la cause noire retrouve sa verve de Do the Right Thing. Après Winter’s Bone, Debra Granik n’avait pas perdu la sienne, mais attendit 8 ans pour signer une nouvelle fiction. Leave no trace s’intéresse toujours à la jeunesse et à la marge, à celles et ceux que la société laisse de côté ou qui, par choix, veulent l’esquiver. Son dernier film autour d’un père et d’une fille exilés volontaires dans la forêt, est l’une des belles surprises de la rentrée.

Avant de conclure avec qui vous savez, précisons qu’il vous reste une dernière chance de revoir le Casino de Scorsese sur copie neuve et grand écran (lundi 14h) et que, la semaine prochaine, nous fêterons la sortie de First Man, le nouveau Damien Chazelle, après Whiplash et LalaLand.

Mais avant de partir sur la lune mercredi prochain, l’Enfance de l’Art nous aura entraîné dimanche à 14h dans le manoir de La Famille Addams, réjouissante comédie macabre de Barry Sonnenfeld. Encore du bizarre…

Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action.