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L'Édito

Bienvenue chez les « Che » 

L'Édito

Bienvenue chez les « Che » 

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Aurait-il fallu intituler ainsi les deux films que Steven Soderbergh consacre au Che pour vaincre les réticentes de certains spectateurs ? Ce personnage clé du XXe siècle ne serait-il bon qu’à décorer des t-shirts ? La révolution – même si celle de Cuba n’a pas été à hauteur de ses promesses – serait-elle un sujet dépassé ? Ou bien est-ce l’histoire qui n’est plus à la mode ?

Pourtant le diptyque de Soderbergh présente d’immenses qualités. D’abord d’apporter un éclairage et une réflexion non dénuée de sens critique sur la prise de pouvoir castriste et le parcours de son emblématique symbole qui rêvait d’exporter la révolution à toute l’Amérique Latine (c’est le sujet de la deuxième partie – Che-Guerrilla – en salle ce mercredi). De ce point de vue, le travail documentaire effectué par le réalisateur, les scénaristes et l’acteur principal est remarquable. Grandeur et décadence de l’icône sont montrées sans complaisance et avec précision.
Ensuite, il y a la qualité de la réalisation elle-même, où Soderbergh fait une fois encore preuve de sa maîtrise de la narration filmique. Perfectionniste, ce talentueux touche à tout a voulu maîtriser la lumière de son film en prenant – sous le pseudonyme de Peter Andrews – le poste de chef opérateur. Il a ainsi expérimenté la nouvelle Red, une caméra ultra-haute-définition qui fait rêver tous les réalisateurs de la planète. Et à juste titre tant l’image est bluffante de richesse et de profondeur.
Dans les qualités majeure de ces Che, il y a évidemment Benicio del Toro, littéralement habité par son personnage et légitimement couronné d’un Prix d’Interprétation Cannois. Mais si Benicio est impressionnant, il est magnifiquement secondé par les comédiens de son armée de « barbudos », et notamment Demian Bichir dans le rôle de Fidel.
Enfin, nous aimerions signaler que ce film américain est tourné en espagnol (prouesse), dure plus de 4 heures (si l’on compte les deux parties), et ne sert pas la soupe à l’Oncle Sam. Et lorsque des stars du gabarit de Soderbergh ou Del Toro prennent des risques dignes du cinéma indépendant, ils méritent d’être soutenus. Alors Viva Cuba Libre et venez voir le Che.

Si les deux parties, Che-l’Argentin et Che-Guerilla (le nouveau), des aventures du plus célèbre des révolutionnaires occupent majoritairement nos écrans, elles laissent un peu de place à deux bijoux du cinéma d’aventure classique.
Le premier, les Contrebandiers de Moonfleet, est signé de Fritz Lang ; le second, Ivanhoé, de Richard Thorpe. Alors Cheflibustier ou chevalier, faites votre choix. Ou prenez les trois ! Cela vous habituera à l’aventure car se profile la réédition sur nos écrans et sur copie neuve du Signe de Zorro, de Rouben Mamoulian, avec Tyrone Power dans le rôle titre du justicier masqué.

Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action