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L'Édito

Attendre…

L'Édito

Attendre…

Chères spectatrices, chers spectateurs, 

On peut attendre beaucoup de choses, et parfois longtemps. Mais Trois mille ans à t’attendre constitue une forme de record. C’est surtout le nouveau film de George Miller, qui quitte la route furieuse de Mad Max pour emprunter un chemin tout aussi fou, mais plus poético-métaphysique. Cette sortie nationale, très attendue (normal), laisse un peu de place aux films qui ont fait votre été au Grand Action, notamment les deux Mike Nichols restaurés – Ce Plaisir qu’on dit charnel et Le Jour du Dauphin – ainsi que le cycle Joe Dante, pour sa dernière semaine. Il sera, mercredi prochain, remplacé par un autre consacré, justement, à George Miller.

Quel rêve le plus fou pour une narratologue austère et solitaire que d’être plongée au cœur d’un conte des Mille et Une Nuits ? Voilà le pitch farfelu du truculent dernier film de George Miller. Alithea Binnie (Tilda Swinton), en voyage à Istanbul où elle donne une conférence, aperçoit de drôles de signes, et achète au bazar une petite bouteille, dont les psychanalystes ne manqueront pas d’en souligner la forme phallique. Rentrée à son hôtel, elle l’astique et en sort un géant génie, le génial Idris Elba qui, évidemment, lui propose de formuler trois vœux. Mais l’intello se méfie des trop belles histoires ; elle a passé sa vie à les étudier, et sait mieux que quiconque qu’elles se terminent souvent mal… Outre la dinguerie de la situation – et nous n’en sommes qu’au début du film -, la confrontation entre la fragile Tilda et le puissant Idris est déjà réjouissante. Mais le génie a besoin des vœux que lui refuse la narratologue et va devoir, pour la convaincre, raconter son passé, plongeant le spectateur dans un vertigineux délire baroque de personnages, de couleurs, d’époques, de contes, de légendes… et d’amour, car c’est bien de cela dont il s’agit.  S’affranchissant de toute contrainte, Miller signe là un formidable film métaphysique, visuellement étourdissant et déjouant un multimillénaire écheveau piégé. Trois mille ans à t’attendre est l’un des incontournables de la rentrée et fut présenté à Cannes, hors compétition. Il marque certes une parenthèse dans la carrière de George Miller, mais bénéficie de la virtuosité habituelle du réalisateur, notamment grâce au montage de Margaret Sixel, madame Miller à la ville. En attendant le futur Mad Max Furiosa sur lequel travaille le couple (prévu pour 2024), nous verrons, dès la semaine prochaine et grâce à un cycle George Miller, que parler de virtuosité n’est, en l’espèce, pas usurpé. 

Honneur au partant de la fin de semaine, le cycle Joe Dante, mené par le terrifiant Hurlements, tire ses derniers feux. Ultimes occasions de voir ou revoir L’Aventure Intérieure, Explorers, Piranhas ou deux épisodes des Gremlins, entre autres. 

Restent également à l’affiche les belles rééditions de deux films, moins connus que le célèbre Lauréat, de Mike Nichols. Mais la touchante chronique de Ce Plaisir qu’on dit charnel (1971), avec un irrésistible et horripilant Jack Nicholson qui explique la vie et l’amour à son pote Art Garfunkel sur une vingtaine d’années, et Le Jour du Dauphin (1972), étonnant thriller écolo, méritent une vision.  

Par ailleurs, nous prolongeons aussi les séances des films dont les affiches ornent joliment le bas de cette lettre, afin de vous laisser le loisir de ne manquer aucune de nos propositions cinématographiques. 

Et comme les congés ne sont pas terminés, concluons avec l’Enfance de l’Art. Mercredi à 10h30, les plus jeunes se régaleront des Fables de Monsieur Renard, tandis que les plus grands reprendront un petit bain nostalgique et estival en suivant Les Vacances de Monsieur Hulot, dimanche à 14h. 

Belle fin de vacances aux uns et belle rentrée aux autres. 

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action