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L'Édito

A deuxième vision…

L'Édito

A deuxième vision…

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Il est souvent utile de lire une deuxième fois un texte afin d’en percevoir le sens et les nuances. De même, une seconde vision peut « nous » (quand on écrit « nous » on entend « communauté des cinéphiles qui aiment aller en salle ») inciter a porter un regard nouveau sur un film. Ainsi, lors de sa sortie en 1987, beaucoup d’entre « nous », et notamment la critique de l’époque, avaient conspué Predator, vouant à d’égales gémonies son réalisateur et son acteur principal. Alors que le film ressort sur copie neuve, il est temps de les rejuger. De même, la quadrilogie Jason Bourne, dont le dernier opus vient de sortir, n’a pas toujours été vue comme le modèle d’efficacité thrillerique qu’elle incarne pourtant. L’été est le temps des reprises et toutes celles des dernières semaines (La Planète des VampiresThe Serpent and the Rainbow, Blue Velvet, et Do The Right Thing) sont encore à l’écran. L’occasion donc de les re-voir, voire de les découvrir, tout comme le Bon Gros Géant, film jeune public de Spielberg, qui ressortira sans doute dans une dizaine d’années mais demeure, pour l’heure, en exclusivité.

John McTiernan est un drôle de bonhomme, que quelques imprudences et de mauvaises fréquentations ont conduit récemment en prison. Il en est sorti et devrait bientôt retourner, non derrière les barreaux, mais derrière la caméra. Tant mieux, car il s’y connait pour faire des films. En 1987, il n’a pas encore réalisé Die HardA la Poursuite d’Octobre RougeThomas Crown et Rollerball (deux remakes de Norman Jewison). Avec Predator, survivor (NB : sous-genre du film d’action dont la trame est portée par la simple survie du héros), il embarque Schwarzenegger, le culturiste autrichien déjà repéré en Conan et Terminator, combattre une invisible créature extraterrestre dans une jungle quasi amazonienne. Le scénario est certes aussi mince que l’issue est prévisible, et l’intelligentsia des 80’s pince les lèvres, considérant ce film « bourrin » comme un basique produit d’entertainment, destiné à la fugace consommation divertissante des classes populaires, puis à l’oubli définitif. Peu de critiques perçoivent alors la beauté plastique, la maîtrise de mise en scène et surtout le sous-texte du film, qui montre une hyper virilisation impuissante, et fait triompher l’homme par son animalité. D’ailleurs, une nouvelle génération de critiques a su pointer les nombreuses qualités du film, « nous » offrant, près de 30 ans après sa sortie, l’occasion de « nous » faire une idée neuve sur Predator. Tout en passant, si « nous » aimons les films d’action qui tiennent en haleine, un excellent moment.

Le même genre de plaisir nous attend avec Jason Bourne, l’agent amnésique contraint de recomposer son passé comme un puzzle. Après La Mémoire dans la PeauLa Mort dans la Peau (deuxième opus où Paul Greengrass prit opportunément les rênes de la série) et La Vengeance dans la Peau, voici le quatrième épisode tout simplement intitulé Jason Bourne. Matt Damon incarne évidemment le Jason Bourne en question et, si la mémoire lui fait encore parfois défaut, il a conservé son efficacité de tueur magnifiquement formé par la CIA. Le scénario est toujours aussi tordu que les méchants sont cruels, et on notera une incroyable poursuite en voiture dans Las Vegas, plus quelques moments d’anthologie, filmés avec la caméra mouvante de Greengrass. Si vous êtes encore en vacances, notre programme nous permet d’enchaîner les quatre Bourne dans la même journée. Une vraie expérience !

Restent aussi quelques séances de nos rééditions estivales citées en début de lettre, et du Bon Gros Géant, adaptation de Roald Dahl par Spielberg, qui pourrait consoler les jeunes alors que la rentrée s’annonce. L’Enfance de l’Art peut aussi s’en charger avec Minopolska, sélection de courts métrages polonais pour les tout-petits, et Vice-Versa, exceptionnelle plongée dans le cerveau d’une pré-ado imaginée par Pete Docter, le magicien de Pixar.

Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du GA.