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L'Édito

Herzog au sommet.

L'Édito

Herzog au sommet.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Werner Herzog, sans doute le plus grand cinéaste allemand vivant, est au sommet cette semaine, et ce pour plusieurs raisons. D’abord pour la ressortie sur copie restaurée de deux de ses documentaires regroupés sous le titre Les Ascensions. Bon titre, puisque dans La Soufrière, le cinéaste va défier le volcan guadeloupéen, et dans Gesherbraun, il suit une expédition hymalayenne. L’autre raison des sommets atteints par Werner est la présence d’un cycle Herzog, une quasi intégrale de son œuvre. Ce réalisateur ambitieux et animé d’une incroyable force vitale laisse un peu de place à trois événements. Les deux premiers font partie de notre programme L’addiction à l’œuvre, avec les séances présentées de Shanghai Gesture, jeudi, et Spring Breakers, vendredi. Le troisième est un rituel Ciné-Club Positif et aura lieu mardi soir, quand Jean A. Gili viendra nous présenter La Viaccia, de Mauro Bologuini.

Né en 1942 dans les montagnes bavaroises, Werner Herzog a toujours eu le goût des défis. Pour preuve, il tente de tourner son premier long-métrage à 19 ans, mais devra toutefois attendre 4 ans de plus pour que son rêve se réalise. Signes de Vie, librement adapté de Kleist et fruit de ses voyages, notamment en Grèce, sort donc en 1967. Ce signe est le début d’une longue carrière (en cours), pendant lequel le cinéaste globe trotter va arpenter le monde et alterner fictions et documentaires, tout en publiant une douzaine de livres et en mettant en scène des opéras. Nous sommes heureux de rendre hommage à cette belle et fructueuse énergie par un cycle Werner Herzog, où l’on pourra voir ou revoir une grosse vingtaine de films, tous restaurés grâce au remarquable travail du distributeur Potemkine. Parmi les plus connus, citons Aguirre ou Fitzcarraldo, deux épopées portées par le regard illuminé de Klaus Kinski – et, pour les plus confidentiels, Ennemis Intimes, documentaire sur ses rapports avec cet acteur fou ou la touchante aventure aborigènes tournée au Pays où rêvent les fourmis vertes. Deux documentaires, l’un de 1977, l’autre de 1984, portent ce cycle exceptionnel.

En 1977 donc, les sismographes, relayés par les autorités, annoncent une éruption apocalyptique du volcan de La Soufrière. Sans hésiter (mais tout de même avec prudence, confit-il), Herzog part pour la Guadeloupe et filme la ville abandonnée de Basse-Terre, où ne vivent plus que quelques téméraires sur les 75 000 habitants. Saisissant. 7 ans plus tard, le cinéaste voyageur suit les alpinistes Messmer et Kammerlander sur le toit du monde hymalayen. Gasherbrum, la Montagne Lumineuse est autant un film sur l’exploit (2 8000 mètres depuis le camp de base, d’une seule traite sans oxygène) que sur son héros, Reinhold Messmer, un drôle de cinglé comme Herzog les aime tant.

L’addiction à l’œuvre est une tentative d’histoire du cinéma par le prisme des addictions  initiée par Philippe Bérard. Ainsi, jeudi, en compagnie du critique André S. Labarthe, parlerons-nous de celle au jeu dans Shanghai Gesture, où Josef Von Sternberg filme l’également addictive Gene Tierney. Vendredi, il sera question d’alcoolémie avec les jeunes fétardes de Spring Breakers, d’Harmony Korine, précédées de la Lettre B comme Boisson, extrait de l’Abécédaire de Deleuze. La lettre B sera également à l’honneur lors du débat puisque Bernard Blistène, directeur du Centre Pompidou, présentera la soirée en compagnie du sympathique critique Thierry Jousse.

Mardi 9 à 20h, nous retrouverons notre revue de cinéma préférée lors de son mensuel Ciné-Club Positif. Jean A. Gili sera chargé de l’animer et de nous parler de La Viaccia, où Mauro Bolognoni plonge le jeune Belmondo dans l’enfer des bordels florentins du XIXe siècle. Mais comme c’est pour les beaux yeux de Claudia Cardinale, on le suit.

Le Bon, la Brute et le Truand sont les seuls rescapés des semaines précédentes. Demeure évidemment aussi l’Enfance de l’Art qui nous joue le petit air de guitare de Jeux Interdits, inoubliable film de René Clément.

Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action.