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L'Édito

Welcome to cabaret

L'Édito

Welcome to cabaret

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Bien sûr, la copie neuve de la Fureur de Vivre, de Nicholas Ray, est toujours à l’écran, tout comme le Hugo Cabret, de Martin Scorsese, visible en 2 ou 3 dimensions selon les séances. Evidemment, il y a, mardi soir, un Ciné-Club Positif avec Isild le Besco envoûtée Au fond des Bois par Benoît Jacquot. Oui, il y a une projection spéciale de Frenzy, étrange Hitchcock des 70’s avec un tueur à la cravate, et du Silence et des Ombres, beau plaidoyer antiraciste de Robert Mulligan proposé par l’Enfance de l’Art. Mais nous avons préféré titrer sur le cabaret. Pourquoi ? Parce qu’en accompagnement de Go Go Tales, la réjouissante plongée déglinguée dans un cabaret new yorkais par Abel Ferrara, arrive notre festival Chaud Business.

« There is no business like show business ». Cette célèbre chanson pourrait être fredonné par Willem Dafoe, inépuisable entertainer en chef du Paradise, un cabaret new yorkais qui fait pourtant face à des vents contraires : mises en demeure, propriétaires rapaces, danseuses en grève, dette d’une profondeur grecque, et on en passe. Pourtant, « Show must go on », et le Go Go Tales, d’ailleurs, continue. La vision joyeusement foutraque de Ferrara et sa mise scène élégante et destroy, donnent à son film une belle énergie.

Cette énergie naît du sujet même. N’oubliant pas ses origines foraines (voir Méliès dans Hugo Cabret), le cinéma s’est souvent et avec bonheur penché sur ses cousins des cabarets. Dans la suite de Go Go Tales, notre festival Chaud Business vous propose de revoir quelques uns de ces films qui auscultent la magie parfois vénéneuse de ces lieux de plaisir et de débauche. A tout seigneur tout honneur, et à la déesse des cabarets, la préséance. Dans l’Allemagne de l’entre-deux-guerres, Marlène Dietrich prenait dans les charmantes griffes de Lola-Lola le pauvre professeur “Unrat“ (Emil Janning). On aura reconnu L’Ange Bleu, film culte de Josef Von Sternberg qui débute notre cycle. A peine plus tard dans l’histoire du monde mais au même endroit, c’est depuis son Cabaret que Bob Fosse regarde monter le nazisme, tandis que la pétulante Liza Minelli fait tourner les têtes. Jean Renoir, avait, dans French Cancan, donné sa vision colorée et vivante des origines du cabaret, celui où Gabin regarde les p’tites femmes de Paris lever la jambe. Nous verrons aussi The Last Show, l’ironiquement titré dernier film de Robert Altman, où les exigences de la finance – incarnées par Tommy Lee Jones – ruinent les espoirs d’un petit peuple d’amuseurs. Mathieu Amalric, en 2010, réalisait Tournée. Survolté et fumant clope sur clope, il interprète aussi un producteur qui a largué famille et boulot pour le « new burlesque », où des dames opulentes et charmantes s’effeuillent.

Si les danseuses des cabarets envoutent les hommes, c’est le contraire Au Fond des Bois. Dans le film de Benoît Jacquot, inspiré d’un fait divers, c’est une jeune fille de famille du XIXe qui se laisse entrainer par un rustaud au charme magnétique. Il lui fera connaître tous les outrages, et aussi le plaisir. Isild le Besco y est superbe, et Fabien Baumann, rédacteur chez Positif, nous décryptera ce film sombre et lumineux lors du Ciné-Club Positif de mardi 13 mars. Rendez-vous à 20h.

Ce n’est pas au fond des Bois que se joue la Fureur de Vivre, mais au bord des précipices. Par cette histoire de kids américains des années 50, Nicholas Ray dresse un portrait universel de la jeunesse et de son attrait pour le vide, où elle est toujours prête à basculer. James Dean y gagne le plus emblématique de ses trop rares rôles, et son statut d’icône. Film tragique, Rebel without a Cause (titre original) est entré depuis longtemps au panthéon du cinéma mondial. Le revoir sur copie neuve est donc une grande chance à ne pas rater.
Comme nous avons évoqué en début de missive l’Enfance de l’Art, nous pouvons conclure avec Hugo Cabret, qui n’en finit pas de séduire. Cette semaine, nous projetons ce merveilleux conte de Martin Scorsese, soit en 2D, soit en 3D, avec des lunettes. A vous de choisir. Et si vous fermez les yeux, vous n’aurez que la bande son, qui est très réussie. C’est le film en 1D !
Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action