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L'Édito

Une Vénus et des événements.

L'Édito

Une Vénus et des événements.

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Plébiscité par la presse et les spectateurs, La Vénus à la Fourrure, le nouveau Roman Polanski, est toujours la vedette de notre programme de la semaine. Cette Vénus est accompagnée de quelques uns des plus grands films de son réalisateur, et de deux rendez-vous qui auront lieu jeudi. Le premier est musical, avec à 15h une séance-concert du Festival CinéJazz. Le second est radicalement cinéphilique puisque Michel Ciment viendra nous présenter Reflets dans un Œil d’or de John Huston, dans le cadre du Cinéma-ClubScarface et Paper Moon, dans deux registres très différents, se partagent le reste de la programmation.
Commençons donc par les événements, avec une séance hommage à Michel Legrand, l’un des plus grands compositeurs du cinéma, dans le cadre du Festival CinéJazz. Hommage naturellement musical puisque jeudi à 15h, trois instrumentistes viendront évoquer leur travail avec le grand Michel.

Après la projection de Masques de Lune, un moyen-métrage consacré au compositeur, Denis Leloup, Marc-Michel Le Bévillon et Jean-Pierre Solvès prendront leur instrument pour un petit concert. Un moment qui s’annonce swinguant.

Quelques heures plus tard, toujours jeudi mais à 20h, nous retrouverons, notre le cadre de notre traditionnel Cinéma-Club, Reflets dans un Œil d’or, magnifique ronde perverse de John Huston. Pour présenter ce film génial dont on ne se lasse pas, Michel Ciment (oui, oui, le Michel Ciment de Positif) sera dans la salle afin de nous éclairer de sa lecture toujours pertinente. Et vous pourrez, lors du cocktail à suivre au Grand Bar, continuer cet échange.  

Même s’il en a de nombreux à son actif (et nous sommes ravis de vous en montrer quelques uns lors du cycle que nous lui consacrons), un film de Roman Polanski est toujours un événement. Pour cette plongée en huis clos dans un théâtre où un metteur en scène à bout de nerf cherche la comédienne qui sera sa Vénus à la Fourrure et voit débarquer une sidérante outsider, Polanski a adapté une pièce de David Ives, inspiré par l’œuvre de Sacher-Masoch. Si le réalisateur a avoué ne pas avoir lu le livre fondateur du masochisme, il a parfaitement saisi l’ironie de la pièce, et se livre à un savant dosage où les deux personnages principaux (les seuls d’ailleurs) s’en donnent à cœur joie. Mathieu Amalric commence par maltraiter et insulter la pauvre actrice qui, quittant son personnage vulgaire dès qu’elle enfile les atours de la Vénus, envoûte littéralement le metteur en scène.  Emmanuelle Seigner, tout à son aise dans ce rôle ambiguë, drôle, parfois inquiétante et toujours inattendue, réussit une séduisante performance. Outre le théâtre, on retrouve dans ce film quelques une des marottes de Polanski (la possession, la domination…) et comme des réminiscences de certains de ces films. La cruauté de Lune de Fiel, l’étrangeté de Cul-de-Sac, le trouble du Locataire, un film dont il interprétait le personnage titre et auquel l’épatant Amalric fait souvent penser. Mais il y a dans la Vénus à la Fourrure, et ce malgré le sujet, une gaieté et un humour qui font que l’on sort de la salle (de théâtre comme de cinéma) avec un large sourire et le plaisir d’avoir admiré un superbe ballet pour deux acteurs, délicatement mis en scène.

Il faut dire qu’en plus de 50 ans de carrière, Polanski, surdoué survivant, a su peaufiner son art. Pour le constater, sélection de quelques uns de ses meilleurs films. Nous commencerons par ses débuts, avec Le Couteau dans l’Eau, premier long-métrage réalisé en Pologne et dont le propos provocateur lui valut l’exil. En France, il réalise Répulsion, avec une troublante Catherine Deneuve, Cul de Sac, où Françoise Dorléac fricotte avec de drôles de gangsters, puis en Amérique, nous invite au réjouissant Bal des Vampires, et dans les bas-fonds de Chinatown pour un polar serré. Un peu plus tard dans sa carrière, il réalise La Jeune Fille et la Mort, où une victime croit retrouver son bourreau et, gamin rescapé du ghetto de Varsovie, il dirige ensuite Le Pianiste, l’un des films les plus intenses sur l’oppression nazi.

Scarface, la plongée dans l’ultraviolence du grand banditisme de De Palma est toujours à l’affiche, et Paper Moon, le délicat road movie de Peter Bogdanovitch la retrouve. Parce qu’on aime beaucoup ce film.

Et puis bien sûr, il y a l’Enfance de l’Art. Et comme ce dimanche, elle nous propose de revoir La Belle et la Bête, magiquextraordinaire conte de Cocteau, il est presque injuste de la faire arriver en fin de lettre. Mais c’est comme ça.
Bonne semaine.