Scroll down
L'Édito

Un monde de monstres.

L'Édito

Un monde de monstres.

Chères spectatrices, chers spectateurs,

La semaine sera littéraire et monstrueuse : littéraire car deux événements sont consacrés au lancement d’ouvrages sur le cinéma, en présence de leurs auteurs. Monstrueuse car ces deux livres, chacun à leur manière, parlent de monstres, et que notre programme est en grande partie dédié à ces êtres dévoyés qui, parfois, sommeillent en l’homme. Tous ces monstres feront un peu de place au détective Klute, prêt à tout pour sauver la belle Jane Fonda devant la caméra de Alan J. Pakula ; Tandis que celle de Leone se plait toujours à inventer des cadres insensés pour servir d’écrin aux cowboys crasseux de Et pour Quelques Dollars de Plus.

Jeudi, nous parlerons d’un monstre sacré du cinéma avec Gwenaëlle Le Gras. Elle a écrit le volume de la Collection Jeu d’Acteur (Edition Scope), consacré à Michel Simon et joliment sous-titré « l’art de la disgrâce ». Immense acteur au physique monstrueux, Michel Simon n’avait pas son pareil pour incarner la grandeur de l’âme. Dans Le Vieil Homme et l’Enfant, Claude Berri faisait appel à ses souvenirs de petit juif réfugié, pendant l’occupation, chez un pépé acariâtre, pétainiste et antisémite, qui allait révéler sa part d’humanité. Gwenaëlle Le Gras présentera ce film infiniment touchant, premier long-métrage du regretté Claude Berri et l’un des derniers grands rôles de Michel Simon. L’échange se poursuivra après la projection, lors d’une signature cocktail au Grand Bar.

Vendredi soir, dans le cadre du monstrueux programme qui aura commencé mercredi, dont nous parlons plus bas, nous retrouverons la salle panoramique et le grand Bar pour évoquer les Monstres. Ils sont le deuxième thème de la collection d’albums de cinéma des éditions Armand Colin. L’auteur, Eric Dufour, professeur de philosophie à l’Université de Grenoble, présentera la séance de Freaks, film mythique de Tod Browning, et signera son livre lors du cocktail à suivre.

Depuis le premier titre sur les Hommes-Objets, et en attendant le suivant sur les Grands Pervers (en janvier), le Grand Action accompagne cette collection d’Armand Colin, intelligemment écrite et luxueusement illustrée. Son angle original nous permet de vous proposer, à raison d’un film par jour pendant une semaine, une programmation thématique en lien avec l’ouvrage. Le monstre est un personnage idéal du cinéma. Il peut prendre toutes les formes, y compris les plus anodines, et même être invisible ; il peut venir de l’espace, d’une terre inconnue ou d’un replis tortueux du cerveau humain ; mais qu’il se montre monstrueux ou qu’il cache sa monstruosité, il inspire la crainte ou le dégoût, fait naître la peur et le frisson. D’excellents ingrédients de cinéma.
Prenez Vaudou, qui débutera la semaine. Réalisé par Jacques Tourneur, maître de la terreur suggérée, le film met en scène une infirmière canadienne aux prises avec l’étrangeté des tourments Caraïbes. Aliens, le Retour, est plus frontal. Dans cette suite, James Cameron place des centaines d’extraterrestres belliqueux face à l’officier Ripley, interprétée par Sigourney Weaver. Tod Browning prit, avec Freaks, le mot « monstres » au pied de la lettre. Ceux d’un cirque – nains, homme-tronc, siamois – prouvent dans ce film hallucinant que le monstre n’est pas toujours celui qu’on croit. Dans Funny Games (celui de 1997 car l’auteur en réalisa un remake américain en 2007), Michael Haneke part d’une situation banale et la fait dériver dans un paroxysme de violence. Le Voyage au Centre de la Terre, d’Henry Levin, est plus reposant pour les nerfs. Formidable adaptation hollywoodienne de Jules Verne, c’est l’un des films magiques qu’il faut avoir vu. La folie et le faux semblant seront au coeur des deux derniers films de notre programme. On frémit lundi dans le dans Le Cabinet du Docteur Caligari, de Robert Wiene, l’une des œuvres phares de l’expressionnisme allemand des années 20, et mardi, on évite la douche dans Psychose, où Maître Alfred Hitchckock donne une leçon de cinéma et de suspense.

On est un peu long. Alors, que les merveilleux Princes et Princesses de Michel Ocelot, projetés lundi à 14h, soient magnanimes, et que l’Enfance de l’Art nous pardonne de présenter trop rapidement sa séance de mercredi. Ce sera Sita Chante le Blue, un joli dessin animé de Nina Paley, inspiré des mythes de l’Inde traditionnelle et couronné du Cristal du meilleur long-métrage d’animation au Festival d’Annecy en 2008.

Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du GA