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L'Édito

Semaine des justiciers.

L'Édito

Semaine des justiciers.

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Avouons le, il est un peu cavalier (surgit du fond la nuit !) de mettre en regard le Che et Zorro, tout en les rangeant dans la catégorie des justiciers. Mais notre programmation est ainsi faite et finalement, ça ne tombe pas si mal. Car même si l’un est réel et l’autre fictif, nos deux vedettes de la semaine avaient pour ambition commune de défendre les opprimés.

Avant de laisser parler la poudre et l’épée de nos justiciers, quelques mots de notre Club Positif du mois qui nous permettra de rendre hommage à un grand cinéaste récemment disparu : Robert Mulligan. Nous avons récemment beaucoup écrit sur Mulligan, réalisateur de l’Escalier Interdit qui fit les beaux jours de notre rentrée. Mardi, avec la revue Positif qui lui consacre un dossier dans son numéro de février, nous projetterons Un Eté en Louisiane (The Man in the Moon), son dernier film réalisé en 1991. A la suite du film, une touchante histoire de famille et d’amours adolescentes dans l’Amérique des années 50, Christian Viviani viendra animer le débat. L’occasion de redécouvrir un cinéaste important, dont l’œuvre fut un peu écrasée par l’immense succès que rencontra un de ses films : un été 42.

Mais revenons donc au Signe de Zorro, vu par Rouben Mamoulian, millésime 1940, avec Tyrone Power dans le rôle du virtuose de l’épée. On ne se mouille pas trop en disant cette adaptation (parmi les nombreuses) est l’une des meilleures du héros inventé en 1919 par Johnson McCulley. D’abord metteur en scène de théâtre, Rouben Mamoulian, d’origine russe ayant étudié à Paris, gagne les USA en 1925 pour réaliser son premier film avec la Paramount. Inventif et raffiné, Mamoulian aura toujours à cœur de chercher de nouvelles idées, notamment grâce à un travail acharné et novateur sur la bande son de ses films. Considérant que « l’un des buts de tout metteur en scène est de supprimer les barrières entre les spectateurs et le film », il prône une mise en scène « objective », où le public crée le film qu’il est en train de voir. Pour ce faire, il imagine des atmosphères particulières et plonge au cœur de l’action. Ainsi, on appréciera la lumière de Zorro et son duel final avec le Capitaine Esteban, l’un des plus marquants du cinéma classique. Le charmeur et bondissant Tyrone Power donne du glamour à ce sublime film d’action qui emportera le jeune public et ravira les cinéphiles. Surtout sur copie neuve et écran panoramique.

En salle Club, grandeur et misère du Che, avec les deux films que Steven Soderbergh consacre à ce mythe de la révolution latine. Dans le premier – l’Argentin – le spectateur suit le combat lumineux du Che, qui contribua à porter Castro à la tête de Cuba. Dans le second – Guerilla – le Che, VRP de la révolution, part l’exporter en Bolivie. Il y est accueilli avec un certain scepticisme, avant d’être cueilli par les balles de la CIA. Sans emphase ni prise de parti, mais non sans brio, ce « biopic » (mot contemporain pour désigner une biographie filmée) dresse un portrait en demi-teinte d’Ernesto Guevara, magnifiquement porté par Benicio del Toro. Dépêchez-vous de venir voir cette leçon d’histoire.

Pour finir, signalons que l’Enfance de l’Art nous propose un mercredi après-midi hilarant, grâce au Caméraman, film d’Edward Sedgwick suivant les maladresses et péripéties d’un reporter catastrophique et chanceux : Buster Keaton.

Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action