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L'Édito

Rêves, de Russie et d’ailleurs.

L'Édito

Rêves, de Russie et d’ailleurs.

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Allez au cinéma, c’est s’offrir des rêves. Rêves éveillés certes, mais parfois plus beaux que ceux qui s’imposent pendant notre sommeil paradoxal. Ils ont souvent inspiré les cinéastes et sont le thème de la quatrième édition du festival Ciné-ma Russie. Cette année, la folie slave sera fantasmée quand, de jeudi à lundi, les films de Quand les Russes rêvent vont envahir nos salles. Toujours des moments de qualité, de fêtes et de grande agitation. Pas moins tonitruante que nos amis Russes, Lady Bird rêve aussi. L’héroïne du premier film de Greta Gerwig veut construire sa vie, comme une fille d’aujourd’hui. Cette semaine, on rêvera aussi devant les robes et les amours du couturier de Phantom Thread, le nouveau Paul Thomas Anderson, et lors d’un Ciné-Club Louis Lumière, avec lequel nous vous proposons de commencer.

Ce Ciné-Club Louis Lumière bouclera pourtant la semaine, puisqu’il se tiendra mardi à 20h. Nous y verrons My sweet Peper Land, acide comédie kurde de Hiner Saleem. Pascal Auffray, directeur de la photo de ce film où un pauvre flic tente de faire respecter la loi dans un bled parfaitement étranger à cette notion, présentera son lumineux travail. Débat et cocktail au Grand Bar à suivre.

« On a souvent taxé les Russes de rêveurs. Leur histoire démontre qu’ils ont lutté contre les difficultés, la rigueur du climat, la violence des autocraties, la cruauté des guerres permanentes en se réfugiant dans l’imaginaire. (…) Le rêve est inscrit dans les gènes du peuple russe et de ses artistes. Rêvons avec eux ! » Par un joli texte, Macha Méril, Marraine de Ciné-ma Russie, nous invite à partager sa fascination du cinéma onirique russe d’hier et d’aujourd’hui lors du festival Quand les Russes rêvent. De jeudi à lundi, classiques, fantastiques, inédits, fictions, documentaires, comédies et drames se succèdent à un rythme effréné. Reportez-vous au programme complet pour tout savoir sur ce festival qui multiplie rencontres, hommages, débats et soirée festives, et un cocktail jeudi soir, suite à la projection de La Vendeuse de cigarettes, de Youri Jeliaboujski. Nous verrons – aussi et entre autres – quelques Tarkovski (SolarisLe MiroirL’Enfance d’Ivan), deux Larissa Chepitko, l’une des rares réalisatrices Soviétiques, au talent fulgurant couronné par un Ours d’Or à Berlin en 1977 (pour L’Ascension), un conte et un documentaire d’Ivan Dykhovitchny (Le Moine noir et les Déesses rouges), un autre sur le studio Albatros de Montreuil où des Russes Blancs continuèrent à travailler après la Révolution. Bien d’autres perles oniriques, délirantes, kitchs, drôles ou tragiques, qui font de la Russie un grand pays du cinéma enrichissent ce beau programme. Lundi à 20h30, Cédric Villani sera avec nous pour boucler le festival, après la projection de Neuf jours d’une année, de Mikhail Romm. Avant, le grand Michel Legrand nous aura gratifié d’un petit concert. Moment rare, vive les Russes !

Greta Gerwig, interprète et co-scénariste de France Ha, peut devenir une grande réalisatrice si elle confirme le coup d’essai et de maître de Lady Bird. Saoirse Ronan, l’héroïne de ce formidable premier film, est déjà une grande actrice, comparée à Meryl Streep par Ryan Goslin. Rien que ça ! Si on laisse ses parallèles osés à Ryan, on ne peut que constater l’incroyable présence de cette jeune femme de 23 ans, qui a déjà 11 ans de carrière derrière elle. Lady Bird est le portrait, peint par petites touches délicates au fil du temps qui passe, d’une fille pleine d’aspirations et de rêves parfois farfelus. Mais c’est aussi l’histoire de sa relation avec sa mère (formidable Laurie Metcalf), encadrée par les plans fondateurs de leurs trajets en voiture. Entre amour, rejets, passions, aspirations et crises, Lady Bird deviendra-t-elle la meilleure personne possible ? Issue du mumblecore, la « Nouvelle Vague indé » du cinéma américain, Greta Gerwig a en tout cas réalisé le meilleur teen movie possible. C’est vif, drôle, triste, et tout à la fois et en même temps.

Non sans nous féliciter du légitime Oscar du costume obtenu par Phantom Thread, l’incroyable film de Paul Thomas Anderson incarné par Daniel Day Lewis, terminons avec l’Enfance de l’Art. Fables franco-suédoise mercredi (Petit à petit) et grand Disney dimanche avec Julie Andrew en Mary Poppins.

Bonne semaine. 

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du GrandAction