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L'Édito

Le cinéma en marche.

L'Édito

Le cinéma en marche.

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Alors que se poursuit le succès de Moonrise Kingdom, le film de Wes Anderson qui a monté les marches lors de l’ouverture du festival de Cannes, voici venir notre Ciné-Club Positif de juin avec les Trente-neuf Marches d’Alfred Hitchcock. Le cinéma est aussi une affaire qui marche pour James Caan, vedette du Solitaire et d’autres films du cycle que nous lui consacrons. Et pour tous les jeunes fugueurs de notre second cycle qui accompagne les mini-amants de Moonrise Kingdom, la marche est une évidente nécessité.

C’est positivement une bonne idée de nous replonger, pour le Ciné-Club Positif du mardi 12 juin, dans les délices hitchcockiens. En 1935, Hitchcock était loin d’être un débutant. Depuis son tout premier muet en 1922, il avait connu le succès à plusieurs reprises, y compris avec son premier film parlant (Chantage, 1929). Mais, parmi toutes les productions de ses années de jeunesse – disons jusqu’en 1939 où il part pour les Etats-Unis – les 39 Marches tient une place à part. Lors de l’écriture de l’Homme qui en Savait Trop (première version de 1934), il avait enfin trouvé un scénariste à la hauteur de son exigence. Et c’est avec le même Charles Bennet qu’il conçoit l’année suivante les 39 Marches, film qui porte les germes de bon nombre de « trucs » hitchcockiens : personnage lambda dépassé, faux coupable, voyage en train, et le fameux MacGuffin, ce prétexte à intrigue dont sir Alfred fera un précepte. L’histoire est simple : un homme recueille une femme qui se prétend agent secret et se sent menacée. De fait, elle meurt rapidement, ne laissant que peu d’indices à celui qui a failli la sauver : une carte de l’Ecosse et les 39 Marches, nom d’un dangereux réseau. L’homme, accusé du meurtre, part pour l’Ecosse, et nous, on part avec lui ! Il faudra tout le talent de Jean-Loup Bourget pour nous rattraper à l’issue de la projection. Rédacteur chez Positif, Jean-Loup nous fera une lecture acérée et éclairée de ce chef d’œuvre.

Pas besoin de critique pour apprécier Moonrise Kingdom. Il suffit d’avoir garder son âme d’enfant pour s’évader avec les deux jeunes héros – absolument épatants – de Wes Anderson. Le réalisateur miniaturiste et méticuleux a composé un petit bijou de cinéma. Bien sûr, le perfectionnisme d’Anderson, qui s’exprime dans le détail apporté aux reconstitutions, dans la précision horlogère des mouvements de caméras, dans l’obsession du contrôle que l’on sent à chaque plan et jusque dans la musique, peut parfois passer pour du maniérisme. Mais le rêve, la nostalgie et la fantaisie de l’univers de Wes emportent l’adhésion. A commencer par celle des stars qui se sont prêtés, avec une évidente et contagieuse jubilation, à cette échappée belle vers la baie de Moonrise Kingdom.

Sur la trace de ce délicieux bonbon cinématographique, nous suivrons les pas d’autres fugueurs, vedettes de notre cycle Fugues en Mineur. Tous n’ont pas la fraicheur de Sam et Suzy, les kids andersonniens. Parfois, les enfants fuient un cauchemar dans un monde enchanté, comme La Nuit du Chasseur, ou se trouve miraculeusement projetés en pleine féérie, comme dans Le Magicien d’Oz. Mais le quotidien contre lequel ils se rebellent accroche souvent à leur semelle. Ainsi, dans le Petit Fugitif de Maurice Engel, un gamin est livré à lui même dans le Brooklyn des années 50, et dans L’Enfance Nue, Pialat filme un exclu du paradis de l’enfance heureuse.

Continuons de monter les marches de cette lettre avec les Chroniques Sexuelles d’une Famille d’Aujourd’hui, une drôle de fiction sur les mœurs contemporaines, signée Jean-Marc Barr et Pascal Arnold, et le festival James Caan. Outre le Solitaire, premier film de Michael Mann, on reverra cette pure gueule de cinéma dans l’un des trois volets du Parrain et Jardins de Pierre, tous quatre de Coppola, et dans The Yards, de James Gray, qui, dans ses thèmes comme dans son style, peut-être considéré comme un héritier de Francis Ford.

La dernière marche pour L’Enfance de l’Art et les Folles Inventions de M. Bricolo, trois courts métrages burlesques et surréalistes, que Charley Bowers a tournés en 1926. A découvrir mercredi et dimanche à 14h.

Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action