Scroll down
L'Édito

Films maudits et faux semblants.

L'Édito

Films maudits et faux semblants.

Chères spectatrices, chers spectateurs,
Ce titre exprime de façon brutale, mais non dénué d’une certaine poésie, nos deux temps forts de la semaine. D’une part, un cycle couronné d’une soirée spéciale sur les films maudits, thème du nouvel opus de la collection d’album de cinéma d’Armand Colin. D’autre part, la projection événement de Faux Semblant, trouble chef d’œuvre de David Cronenberg, organisé par nos amis du Cinéma-Club des grandes écoles. De part et d’autre, notre programme riche et varié se poursuit, avec des films de Fleischer, dont le formidable Voyage Fantastique, un cycle Burt Lancaster, plus quelques films puisés avec bonheur dans les programmations de nos semaines précédentes.

Réussir un film est en soi une gageure car c’est le résultat d’une alchimie complexe et fragile. Si le désir (de l’auteur, du réalisateur, du producteur, des acteurs, des techniciens, de la critique, du public) en est le principal moteur, l’argent et son cortège de difficultés en sont le nerf. Mais il serait trop simple de réduire les problèmes qu’un film peut rencontrer à de triviales tracasseries financières. La météo, un accident, une maladie, l’hypertrophie de l’égo, la bêtise, la folie, ou simplement le temps qui passe trop vite peuvent ruiner les plus ambitieux projets. Pour le dernier volume de sa collection d’Albums de cinéma, l’éditeur Armand Colin s’est intéressé aux plus célèbres fiascos de l’histoire du cinéma, sous la plume de Michel Marie. Comme pour chaque ouvrage, le Grand Action accompagne la sortie du livre par un festival sur le sujet, ainsi que par un cocktail (ce sera vendredi soir après Lola Montes). Pour illustrer le thème, les Rapaces, pour lequel Von Stroheim poussa à son comble son esprit de perfectionnisme naturaliste pendant 9 mois de tournage, intégralement en extérieur, les Amants du Pont Neuf, film intimiste au budget pharaonique que Leos Carax tourna dans un décor gigantesque, mégalo et détruit par une tempête, et Lola Montes, de Max Ophuls, que Cocteau, Truffaut, Rossellini encensèrent, mais que le public bouda. Les producteurs remontèrent le film et Ophuls en mourut. Eric Dufour, philosophe décomplexé et cinéphile averti, reviendra sur ce tragique épisode en présentant la projection de vendredi 20h30. Samedi et dimanche, place aux Desaxés, de John Huston, dont le titre résume ce que fut le tournage, le dernier pour Clark Gable et Marilyn Monroe, et aux Portes du Paradis, antichambre de l’enfer pour Michael Cimino qui explosa le budget et dont ce film incompris le fit tricard pour de nombreuses années. Nous terminerons ce festival de catastrophes par deux films inachevés : Que Viva Mexico !, que le grand Eisenstein, déchu par son producteur américain, Upton Sinclair, et rappelé en URSS par Staline, ne put jamais monter, et Lost in la Mancha, documentaire qui retrace le cauchemar ubuesque de l’adaptation de Don Quichotte par Terry Gilliam.

Mardi soir, les anciens élèves des grandes écoles font leur Cinéma-Club avec Faux Semblant, de David Cronenberg. Deux jumeaux gynécologues (interprétés par Jeremy Irons) partagent tout, y compris les femmes. Ça commence de façon très esthétique inquiétante avec un générique sublime, et ça finit dans la folie pure. La projection sera suivie d’un débat, lors duquel Ophir Levy, enseignant d’histoire et cinéma à Paris 3, décryptera le travail du réalisateur. Cet échange se poursuivra autour d’un cocktail.

Quoi d’autres dans nos salles ? Plein de choses : des Fleischer, dont le Voyage Fantastique au centre du corps humain, mais aussi les VikingsSoleil Vert et quelques uns de ses polars : l’Etrangleur de BostonL’Enigme du Chicago Express et l’Assassin sans Visage. Un peu de Burt Lancaster, pour annoncer la prochaine ressortie sur nos écrans de The Swimmer, film étrange de Franck Perry. En attendant de le voir nager (et se noyer) de piscine en piscine, voici, par ordre d’apparition sur nos écrans, le beau Burt dans Le Vent de la Plaine de Houston, Les Tueurs de Siodmak, Jugement à Nuremberg de Kramer, La Flèche et le Flambeau de Tourneur, Les Démons de la Liberté de Dassin, Elmer Gantry de Brooks, et dans le Prisonnier d’Alcatraz de Frankenheimer.

Ajoutons à cette riche programmation quelques films qui refusent de quitter l’écran, tel Abattoir 5, étrange voyage de Georges Roy Hill, la Dolce Vita romaine de Fellini, Jeune et Innocent, une perle de Sir Hitchcock, les éblouissantes Lumières de La Ville de Chaplin, plus une séance spéciale de courts métrages d’animation japonais de Osamu Tezuka , Histoires du Coin de la Rue, et la jolie fable durable des robots de Disney, Wall-E, d’Edouard Stanton, choisi par l’Enfance de l’Art.
Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action