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L'Édito

Deux événements au large de Shutter Island.

L'Édito

Deux événements au large de Shutter Island.

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Shutter Island, le dernier film de Scorsese et le festival de ses influences restent à l’affiche, mais laissent un peu de place à deux événements : un Ciné-Club Positif, honorant un autre film de Scorsese, A tombeau Ouvert, et notre rituel programme de courts-métrages, les Courts du Grand.

Les Courts du Grand (comprendre, les courts métrages du Grand Action), c’est un écran ouvert aux jeunes auteurs de cinéma sélectionnés par Collectif Prod. L’occasion pour eux de présenter, dans une belle salle et devant un vrai public, le résultat de leur travail. Cinq films, tournés parfois avec de tout petits moyens, parfois avec des budgets plus confortables, qui abordent tous les styles : drame réaliste, animation, cinéma pédagogique cinglé… . Les nouveaux réalisateurs n’ont pas peur d’aborder tous les genres avec une égale irrévérence. Pour prolonger le plaisir et l’échange, la séance sera suivie d’un cocktail au Grand Bar en présence des auteurs, le tout pour 5 € seulement.

Autre événement rituel, le Ciné-Club Positif débattra, avec Pierre Eisenreich, éminent journaliste de la revue, de Martin Scorsese. Notre magazine de cinéma préféré a choisi cette semaine de revenir sur un film assez récent de Martin : A Tombeau Ouvert (Bringing out the Dead, merveilleux titre). Nicolas Cage y interprète un ambulancier dont le métier est de sauver des vies. Mais la métaphysique du héros l’amène à transformer ce métier en mission quasi-divine. L’occasion aussi pour le réalisateur, qui fut un temps tenté par la prêtrise (ce que l’église a perdu, le cinéma l’a gagné), d’aborder la vie, la mort, et la rédemption par l’action. Nul doute que Pierre Eisenreich parlera de ces thèmes dans le débat à suivre et donnera un éclairage enrichissant sur le film et l’œuvre de Scorsese. C’est bien là l’intérêt des Ciné-Club, et avec Positif, on n’est jamais déçu.

Fans de Scorsese, vous êtes servis en ce moment. Vous avez peut-être déjà vu Shutter Island, son troublant dernier opus, magistralement interprété par Leonardo DiCaprio, Marc Ruffalo et Ben Kingsley. Le cas échéant, vous vous dites qu’ il se passe de drôles de choses sur cette île psychiatrique, d’où une prisonnière s’est évadée. Et que le marshal DiCaprio n’est peut-être pas celui qu’on croit… Adapté d’un roman de Dennis Lehane, ce film cauchemardesque se joue du héros et des spectateurs, les bouscule, les manipule, les perd dans les dédales de la folie et des faux-semblants. Au point, qu’à la fin, on ne sait trop quoi penser, chacun ayant son explication et tout le monde ayant envie d’y retourner.

Shutter Island, film très scorsesien, est aussi un film hitchcockien, tourneurien, robsonnien, voire cormanien. Car Martin Scorsese, peut-être avant d’être cinéaste, est d’abord un cinéphile. Notre programmation Au Large de Shutter Island, veut remonter vers les sources d’inspiration de ce film baroque, gothique et perturbant. Ainsi, nous vous proposons de voir ou revoir certaines des œuvres que Martin a projetées à toute son équipe pour qu’elle s’imprègne de l’atmosphère qu’il voulait donner à Shutter Island. Le voyage passe par Val Lewton, producteur de Jacques Tourneur, cinéaste français exilé aux USA et auteur notamment de VaudouLa Féline, et La Griffe du Passé. Lewton produisit aussi des films de Mark Robson, comme la Septième Victime, et l’Île des Morts. D’autres magnifiques séries B, parfois un peu oubliées, sont au programme d’Au large de Shutter Island, comme Feux Croisés, une enquête noire signée Edward Dmytryk et La Maison dans l’Ombre, de Nicolas Ray, un autre polar sans concession.

Pour finir, et non sans vous rappeler que dimanche, lundi et mardi, c’est le printemps du cinéma, avec toutes les places à 3,50 €, un petit mot sur l’Enfance de l’Art qui nous propose mercredi de voir ou revoir l’Enfant Sauvage. Ce film de François Truffaut s’inspire de l’histoire de Victor, animal enfant trouvé dans l’Aveyron en 1798. Son humanité lui sera révélée par un médecin, interprété dans le film par Truffaut lui-même. Ce film est l’un des plus beaux, des plus émouvants, des plus justes qui ait été réalisé sur l’enfance. A voir dès 8 ans.

Bonne semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action