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L'Édito

Des Lumet et un Clouzot.

L'Édito

Des Lumet et un Clouzot.

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Si Sidney Lumet garde la vedette cette semaine dans nos salles, notamment avec A Bout de Course, film méconnu de 1988, il est rejoint par un autre grand réalisateur auquel le Club-Positif fait honneur : Henri-Georges Clouzot. Pour sa séance de mai, notre club de cinéphiles a choisi une comédie, Miquette et sa Mère, qui tranche avec la noire vision du monde de son auteur.

Henri-Georges Clouzot, journaliste de formation, débute comme scénariste avant de passer derrière la caméra dans les années sombres. En 1942, il réalise l’Assassin habite au 21, puis le Corbeau, sublime film sur la délation que la France occupée vivra plutôt mal. De ces années, nous retiendrons plus l’influence de Fritz Lang, que sa collaboration (professionnelle mais tout de même) avec la Continental-Films, une société de production créée par Goebbels. Elle lui vaut toutefois quelques ennuis à la Libération. Interdit de plateau, il traverse son désert jusqu’en 1947 où, soutenu par quelques personnalités du cinéma, il réalise Quai des Orfèvres, puis Miquette et sa Mère, trois ans plus tard. Suivront encore quelques chefs d’œuvre, dont le frissonnant Salaire de la Peur, Les terrifiants Diaboliques et la Vérité, où Brigitte Bardot trouve l’un de ses meilleurs rôles.
Dans cette filmographie noire et sans concession, le Club-Positif a retenu son unique comédie, Miquette et sa Mère, adaptée d’une pièce de théâtre et dotée d’une distribution brillante. Danièle Delorme, Bourvil, Louis Jouvet, Saturnin Fabre et Pauline Carton, inoubliable co-interprète de la chanson Sous les Palétuviers,  se donnent brillamment la réplique dans cette histoire de jeune provinciale venue, sous la protection d’un marquis et la surveillance de sa mère, chercher fortune au théâtre dans le Paris de la Belle Époque. Gentiment désuète mais signée d’un maître, Miquette demeure une authentique curiosité sur les traces de laquelle nous conduira Noël Herpe, journaliste à Positif et animateur du débat qui suivra la projection. Ce sera aussi l’occasion de revenir sur la carrière de ce cinéaste majeur, disparu en 1977.

A Bout de Course (Running on Empty) ne doit pas être résumé à la simple, mais lumineuse, présence de River Phoenix, enfant gâté de la balle, prématurément mort de la poudre. Le film évoque la fuite en avant de la famille Pope, où les enfants, (et surtout l’aîné, interprété par River) subissent la cavale des parent, coupables d’avoir poussé jusqu’au terrorisme leur engagement pacifique. D’ailleurs, ce Lumet là est plus une réflexion sur la famille et l’adolescence qu’un film politique. Il mérite en tout cas largement d’être redécouvert, tout comme mérite d’être vue et revue l’œuvre de Sidney. A la liste des films projetés la semaine dernière, nous ajoutons ses deux derniers opus, en attendant le prochain actuellement en tournage. Dans Jugez moi Coupable, le surprenant Vin Diesel interprète un mafieux lors de son procès – ce que Lumet filme mieux que quiconque – et dans 7h58 ce Samedi-là, le réalisateur nous entraîne dans une sombre affaire de famille, de casse, de drogue et de meurtre.

Pour le jeune public, nous recommandons La Machine à Explorer le Temps (The Time Machine), brillante et hollywoodienne adaptation de H.G. Wells, et le Voleur de Bicyclette, film emblématique du néo-réalisme italien signé par Vittorio De Sica et proposé par l’Enfance de l’Art.

Bonne semaine

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action