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L'Édito

Des espions sur un pont.

L'Édito

Des espions sur un pont.

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Si vous n’avez pas entendu parler du Pont des Espions, dernier film de Steven Spielberg, c’est que vous vivez sur une autre planète. Ou que vous ne vous intéressez pas au cinéma, donc que vous ne recevez pas cette lettre. Bref, il sort cette semaine au Grand Action, et sera projeté tous les jours À PARTIR DE 13H. Plusieurs événements, aux heures habituelles, sont aussi au programme. Le premier mercredi soir, pour la dernière séance du Ciné-Club Univers Divergents de la saison, avec Mon Oncle d’Amérique, d’Alain Resnais. Jeudi et samedi, le Festival Addiction à l’œuvre nous propose deux classiques immortels : M. Le Maudit et L’Homme au Bras d’Or. S’intercalera donc vendredi le cycle Warhol Unlimited, avec un programme Underground 2, 5 courts-métrages expérimentaux proposés par l’Association Light Cone. Et puis bien sûr, quelques séances encore pour Joe HillL’IdiotLes Yeux Brûlés et Irrational Man.

En 1979, dans Mon Oncle d’Amérique, Alain Resnais tentait très brillamment de mettre en image et en fiction les travaux du Professeur Henri Laborit. Les théories de ce fameux neurobiologiste donnent aux comportements des personnages du film (Nicole Garcia, Gérard Depardieu, Roger Pierre) et à leurs conflits un éclairage assez étonnant. Nous ne sommes finalement que des animaux. Pour aller plus loin, rendez-vous après la projection avec Bruno Latour, philosophe, sociologue et professeur à Sciences Po, invité d’un débat animé par le critique Jean-Michel Frodon et le biologiste François Taddei. Cocktail à suivre au Grand Bar.

Les CIP (Association des Cinémas Indépendants Parisiens) sont à l’initiative du Festival Addiction à l’œuvre, une histoire subjective du cinéma des débuts à nos jours, proposée par Philippe Bérard. Il sera dans nos murs jeudi à 20h pour nous présenter cette manifestation, avant la projection de M. Le Maudit, où Peter Lore fait trembler la ville (et ses truands) devant la caméra de Fritz Lang. Philippe reviendra samedi en compagnie d’Antoine Perpère, addictologue et plasticien, pour introduire la projection de L’Homme au Bras d’Or, où Kim Novak essaie de tirer de l’enfer de la drogue son musicien de mari, interprété par Franck Sinatra. Nul doute que c’est dans ce film d’Otto Preminger qu’il trouva son plus beau rôle.

En ce moment au Grand Action, les vendredis sont warholiens. A 20h, nous retrouverons donc Sébastien Gokalp, co-commissaire de l’expo Warhol Unlimited, et Christophe Bichon, de l’Association Light Cone, pour une séance très arty avec Underground 2. Réalisés pour la plupart dans la fournaise artistique de la Factory, les cinq courts-métrages projetés révèlent le bouillonnement de la décennie sixty.

C’est aussi vers ces années 60 que nous emmène Steven Spielberg pour son dernier film, le Pont des Espions. Ce pont, c’est celui de Glienicke qui enjambe la Havel à Berlin et qui, avant la réunification, séparait, plus qu’il ne reliait, l’Est et l’Ouest. Cette arche de métal entre deux mondes était le lieu privilégié et secret des échanges d’espions entre les deux blocs. C’est donc bien là que se retrouvera l’avocat James Donovan, personnage principal du film, interprété par Tom Hanks. Là qu’il devra échanger son « client », un espion russe, contre un pilote américain capturé par les soviets, le tout sans filet diplomatique. Pour ce sujet très typé « Guerre Froide », Spielberg a fait appel au talent scénaristique des frères Coen, qui lui apportent leur sens de la distanciation. Mais le grand Steven réussit à réchauffer de son indéfectible optimisme ce sujet glaçant, pour signer un film certes à message, mais aussi porté par une foi en l’homme digne de Capra. La semaine prochaine, lors de l’ouverture du cycle qui lui sera consacré, nous reviendrons sur la carrière de Spielberg, entre films d’évasion (ET, Jurassic Park) et hommage à des personnages importants (Schindler, la Couleur Pourpre), tous menés avec le même brio, le même succès, et la même âme d’éternel enfant.

D’ici là, il vous reste encore quelques séances pour voir Joe Hill, la belle, triste et véridique histoire d’un hobo syndicaliste du début du XXème siècle. Bo Widerberg a réalisé ce film libertaire en 1971, année où il obtint le Prix spécial du Jury à Cannes. Également toujours à l’affiche, L’Idiot, portrait sans concession de la Russie moderne signé du jeune et prometteur Yuri Bykov, Les Yeux Brûlés, faux reportage sur la guerre et la mémoire de Laurent Roth, et Irrational Man, dernière noire facétie de Woody Allen. Et puis Le Cirque de Chaplin, présenté par l’Enfance de l’Art.

Bonne semaine.