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L'Édito

Daughters

L'Édito

Daughters

Chères spectatrices, chers spectateurs,

Les filles (au sens familial du terme, daughters en V.O.) sont les vedettes de notre programme. Le Ciné-club des Ecoles nous propose jeudi Daughters of the dust, de Julie Dash, tandis que notre sortie de la semaine célèbre l’Eternal Daughter, le nouveau Joanna Hogg, qu’elle nous a présenté en avant-première. Par ailleurs, un GrecDoc viendra animer notre dimanche midi, et vous retrouvez toutes nos dernières nouveautés, dont deux formidables documentaires – Toute la beauté et le sang versé et Christophe Définitivement – ainsi que The Fabelmans, accompagné d’un cycle Steven Spielberg, l’un des plus fabuleux conteurs du cinéma contemporain.

Saga d’une famille d’origine africaine aux États-Unis au XXe siècle, Daughters of the dust est, en 1991, le premier film de fiction réalisé par une Afro-américaine. D’ailleurs, jeudi à 20h, le Ciné-club des Ecoles a convoqué une historienne du cinéma, Christelle Ringuet, pour nous parler de cette page d’histoire tournée dans de luxuriants décors.

L’autre événement de la semaine aura lieu dimanche à 12h. Le GrecDoc dominical nous propose Ma Rencontre avec Mikis Theodorakis, suivie d’une rencontre avec d’Eleni Evangel, la réalisatrice.

La sortie d’Eternal Daughter est également un événement tant la performance de Tilda Swinton impressionne. Amie d’enfance de Joanna Hogg (elle était au générique de The Souvenir, 1&2), l’actrice interprète les deux rôles – la mère et la fille – de son nouvel opus. Crépusculaire et gothique, Eternal Daughter nous immerge dans le brouillard – réel et psychologique – d’un luxueux hôtel désert de la campagne anglaise. En jouant avec les codes du fantastique, Joanna compose un conte troublant où rôdent des fantômes, des réceptionnistes revêches et des veilleurs de nuit délicats. Produit par Martin Scorsese, qui se trompe rarement, ce film permet à la réalisatrice de soigner ses cadres et sa lumière (elle fut, à ses débuts, photographe) et d’entraîner le spectateur dans un flottement nébuleux. Que se passe-t-il en fait dans cette chambre où deux femmes tentent de renouer avec ce qui n’est plus ? Plein de mystères et d’ambiguïté, Eternal Daughter confirme l’émergence d’une cinéaste sensible au style très particulier, cherchant dans son histoire ce qui crée des histoires.

On crée donc des histoires avec le réel, et c’est tout le propos du documentaire. Deux représentants de ce grand genre cinématographique partagent l’affiche du Grand Action. Dans All the Beauty and the Bloodshed, Laura Poitras suit l’engagement de Nan Goldin contre la famille Sackler, propriétaire de Purdue Pharma, producteur de l’OxyContin, un des opiums de synthèse qui firent des centaines de milliers de victimes aux États-Unis. Mais ce « médicament » mortifère généra aussi des millions de dollars, dont une partie « mécéna » de grands musées. A travers le combat de la photographe, c’est la vie et l’œuvre de Nan Goldin que nous fait subtilement découvrir la réalisatrice. De leur côté, Ange Leccia et Dominique Gonzalez-Foerster ont suivi le retour à la scène d’un grand de la chanson française, emporté par le COVID en 2020. Dans Christophe Définitivement, les cinéastes-plasticiens créent visuellement, et sans en avoir l’air, un univers aussi riche et profond que le sont souvent les chansons du « dernier des Bevilacqua ».

Avec, répétons-le, toujours The Fabelmans et le cycle Steven Spielberg en vedette, le reste de notre programme vous propose quelques séances de rattrapage pour voir Tár, de Todd Field, ainsi que les films des presque homonymes : Aftersun, de Charlotte Wells, et les deux Orson Welles (Le Procès et F for Fake).

Quant à L’Enfance de l’Art, elle nous emmène en Mongolie découvrir Les Racines du Monde, de Jiska Rickels et Byambasuren Davaa, mercredi à 14h30 et, dimanche à 14h, nous plonge dans l’univers fou de Nick Park avec Wallace & Gromit : Les inventuriers.

Éternelle semaine.

Isabelle Gibbal-Hardy et l’équipe du Grand Action