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L'Édito

Canardage de marguerites sur les Coen.

L'Édito

Canardage de marguerites sur les Coen.

Chères spectatrices, chers spectateurs,

C’est vrai : ce titre n’a aucun sens, si ce n’est d’évoquer dans une remarquable économie de mots notre programme de la semaine. Mais avant de revenir sur De l’Influence des Rayons Gamma sur le Comportement des Marguerites (que nous appellerons par la suite De L’influence…), sur Le Canardeur et sur notre rétrospective Coen, annonçons nos trois événements.

Les festivités débuteront vendredi avec une soirée débat A Hauteur d’Enfant, festival qui se propose d’initier le jeune public aux merveilles du 7e art. Nous avons choisi l’un des manifestes du néo-réalisme italien : Le Voleur de Bicyclette, de Vittorio De Sica. Dans l’Italie brisée de l’après-guerre, un chômeur retrouve du travail, mais il a besoin de son vélo, qu’on lui vole. Il devra se résoudre à en dérober un. En filmant au plus près du réel, De Sica et ses confrères néo-réalistes voulaient montrer la vie au temps de l’humiliation d’un pays, non par la défaite, mais d’avoir été un temps dans le camp des vainqueurs. Ce film magnifique sera décrypté par Jean A. Gili, critique de cinéma, qui poursuivra l’échange autour d’un cocktail éthique offert par Alter Eco.

Dimanche à partir de 17h, visite exceptionnelle de Monsieur Michel Legrand, l’un des maîtres français de la musique au cinéma et inimitable inventeur de mélodies. Le grand Michel viendra dédicacer ses CD et nous présenter La Piscine, de Jacques Deray, l’un des 200 films dont il a composé la bande originale. La projection en numérique 2K, qui offre un incroyable confort de visionnage, vous permettra de redécouvrir cette perverse histoire délicieusement seventies, au bord d’une piscine tropézienne. Schneider (Romy, pas Maria, disparue la semaine dernière), Delon, Ronet et Birkin sont magnifiques et terribles. Pour les vrais fans de Legrand, signalons qu’une après-midi complète est possible dans nos salles : l’Enfance de l’Art, à 14h, nous propose Peau d’Âne, de Jacques Demy.

Mardi 20h, nous retrouverons nos amis du Ciné-Club Positif pour une projection débat consacrée à Roman Polanski. Le Ciné-Club nous convie à une « blood-party » où Roman s’amuse (et nous avec) à relire le mythe du buveur de sang. On revoit toujours avec plaisir le Bal des Vampires et on entendra avec grand intérêt ce qu’Alexandre Tylski, rédacteur chez Positif, nous en dira.

Le 23 février prochain, le nouveau film des frères Coen, True Grit, sera à l’affiche. Pour aborder leur dernière production en connaissance de cause, nous vous proposons une petite révision de vos classiques Coen. Mercredi, nous verrons Georges Clooney dans une cavale en blues majeur (O’Brother), une comédie d’espionnage (Burn After Reading). Egalement au programme humour noir et neige blanche dans Fargo. Jeudi, nous retrouverons le mythique Dude du Big Lebowski. Vendredi, retour de Clooney dans un film cinglé en compagnie de Catherine Zeta-Jones, Intolérable Cruauté, et retour aux source avec le premier film des Coen : Sang Pour Sang. Samedi, un drôle de casse de Tom Hanks, Ladykillers, et reprise du cycle lundi avec le mystérieux Barber, avec une autre comédie délirante (l’un de leur rare échec), Le Grand Saut, et avec le tueur impitoyable (Javier Bardem) de No Country For Old Men. Nous terminerons la semaine avec A Serious Man qui, comme son nom ne l’indique pas, est un film hilarant sur les interrogations métaphysiques juives.

Toutes ce qui précède ne nous laisse que peu de place pour évoquer nos deux grands films du moment. Le Canardeur, bien sûr, alias Thunderbolt and Lightfoot, première réalisation de Michael Cimino. Vous avez peut-être hésité à venir voir ce film en pensant que les flingues et les casses, ce n’était pas votre truc au cinéma. Détrompez-vous : le Canardeur est un beau film sur l’amitié et l’engagement, servi par une paire d’acteurs formidables.
De même, n’allez pas imaginer que De l’Influence… est un documentaire botanique. Même si l’on y parle de plantes et même si la caméra ausculte cette maison de folles, où une mère et ses deux filles tentent de survivre dans l’adversité. Paul Newman, pour sa troisième réalisation (nous somme en 1972), loin de son image, suit avec fluidité, délicatesse et justesse l’intimité de trois blessées de la vie. Film de famille (avec la femme et la fille de Newman), film sur la famille, ou plutôt film sur ce qu’il reste de la famille quand elle se décompose, De l’Influence… évoque la folie quotidienne des œuvres de Tennesse Williams ou de Cassavetes. Un film sous influence, pourrait-on dire.

Belle semaine.